Revue de presse

"Le classement « monument historique » du Sacré-Cœur crée la polémique" (Le Figaro, 15 oct. 20)

15 octobre 2020

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Associations laïques, francs-maçons, communistes… La distinction accordée à la basilique, à l’approche du 150e anniversaire de la Commune de Paris, a suscité une levée de boucliers.

Par Stéphane Kovacs

C’est l’un des symboles de Paris. L’édifice le plus visité de la capitale depuis l’incendie de Notre-Dame. Un siècle après sa consécration, la basilique du Sacré-Cœur sera bientôt protégée au titre des monuments historiques. La procédure a été lancée ce mardi, à l’initiative de la direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France, en partenariat avec la Ville de Paris. Était-ce le moment le plus opportun ? « À vrai dire, je pensais que ce bâtiment, qui a valeur d’emblème pour le rayonnement de la France à l’étranger, était classé depuis longtemps ! », assure Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse. Mais à l’approche du 150e anniversaire de la Commune de Paris, au printemps 2021, certains y voient « une provocation ».

« Une insulte à la mémoire des 30 000 morts de la Commune !, s’indigne Philippe Foussier, ancien grand maître du Grand Orient de France, sur Twitter. Érigé pour faire payer aux Parisiens leur résistance aux Prussiens puis aux Versaillais, ce monument mériterait au contraire un “déboulonnage” ». « Parler, comme la ministre de la Culture, de “réhabilitation” de ce monument, c’est effacer la mémoire des victimes de la Commune, explique-t-il au Figaro. Cela vient rouvrir des plaies encore vives : chaque 1er mai, des centaines de francs-maçons se réunissent pour honorer les fusillés, et de nombreuses associations font de même… »

Secrétaire générale des Amis de la Commune de Paris, Françoise Bazire dénonce dans cette annonce « une logique politique : donner des gages à la part la plus conservatrice de la droite française. L’opprobre persistante lancée par la mémoire conservatrice s’est toujours voulue le prolongement des massacres de la Semaine sanglante, insiste-t-elle. Qu’elle se manifeste à nouveau, avec cette morgue insoutenable, en dit long sur un certain air du temps. »

Membre du bureau national de l’Union des familles laïques (Ufal), Charles Arambourou est lui aussi « très choqué ». « Ce sont des subventions qui iront directement au culte catholique, qui est déjà largement comblé, proteste-t-il. Et au moment où l’on déboulonne des statues comme celle de Colbert, c’est gonflé ! Ce n’est pas seulement une insulte à la tradition ouvrière, mais à la France elle-même . » Président du comité Laïcité-République, Jean-Pierre Sakoun persifle sur « l’habileté de l’Église », qui « après s’être débarrassée de la propriété de son patrimoine après la loi de 1905, réussit aujourd’hui par cette opération à faire endosser par l’État les futurs travaux de rénovation » de la basilique. « Ce n’est pas un monument comme un autre, souligne le sénateur communiste Pierre Ouzoulias. Il a été construit pour “expier les crimes de la Commune”, sur “cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés”, selon l’un des initiateurs de la construction. »

Historien spécialiste du XIXe siècle, Éric Anceau rappelle que « la construction du Sacré-Cœur n’est pas tournée directement contre la Commune ». « Il est certes d’esprit contre-révolutionnaire, mais il est lié à la défaite face à la Prusse en 1870, précise-t-il. Pour la majorité monarchiste et catholique de l’Assemblée, la France devait expier les fautes qui l’avaient entraînée »

Président de l’Observatoire du patrimoine religieux (OPR), Édouard de Lamaze salue « l’initiative louable » de la Drac, mais aimerait qu’un plan de sauvetage de toutes les églises de Paris, majoritairement bâties au XIXe siècle, soit lancé. « Refiler la charge de la mairie à l’État, on a vu ce que ça a donné pour Notre-Dame et les cathédrales… », soupire-t-il.

Recteur du Sacré-Cœur depuis un mois et demi, le père Stéphane Esclef souligne que l’Église « n’a absolument rien demandé ». « Si pour certains gesticulateurs, cet édifice représente quelque chose de détestable, renchérit Mgr de Sinety, il est pour beaucoup d’autres, bien plus nombreux, un lieu de paix, de recueillement et d’espérance. »"

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