Association des Libres Penseurs de France

"Laïcité républicaine ou régime concordataire ?" (ADLPF, 21 mai 15)

22 mai 2015

"Notre Premier Ministre est un grand laïque devant l’Éternel. Ses coups de menton ont achevé de nous en convaincre. Ne souhaite-t-il pas, en effet, « un Islam de France, laïque et républicain » ? Qu’est-ce à dire ? L’État doit-il s’immiscer dans les affaires religieuses et prendre l’initiative d’ouvrir des édifices du culte ? Et la loi de 1905 de Séparation des Églises et de l’État qu’en fait-on ?

C’est simple : on remplace le principe de « laïcité » (neutralité de l’État, non-ingérence de celui-ci dans la gestion des cultes et non-immixtion des Églises dans le fonctionnement de la société civile) par celui de « concordat » qui consacre la reconnaissance officielle de diverses religions dans les affaires publiques. Si l’État s’implique dans l’organisation et le fonctionnement des religions, si c’est lui qui décide de l’ouverture des lieux de culte, comment pourrait-il refuser qu’en retour les Eglises interviennent effectivement dans les décisions concernant l’ensemble de la société ? C’est ce qu’on appelle le cléricalisme que les Libres Penseurs et l’ensemble des laïques authentiques de ce pays combattent depuis toujours.

En application de ces orientations du pouvoir, le préfet des Yvelines et le sous-préfet de Mantes-la-Jolie, représentants de l’État, veulent contraindre la Communauté d’Agglomération de Mantes-en- Yvelines de vendre un bâtiment public (ex-trésorerie) à une association cultuelle afin d’ouvrir, à Mantes-la-Ville, une mosquée en remplacement de celle de Mantes Sud, boulevard Salengro, inadaptée et ne répondant pas aux normes règlementaires. [...]

Les réticences de la population de Mantes-la-Ville à la transformation de l’ex-trésorerie en édifice religieux sont réelles. Le montage juridique et politique, la proximité d’une échéance électorale et la localisation ont alimenté ces réticences durant la dernière campagne électorale municipale et participé à l’élection d’un maire d’extrême-droite dans une commune historiquement ancrée à gauche. L’équipe municipale actuelle, nous ne l’ignorons pas, suit une orientation xénophobe et raciste anti-musulmane, celle de ces faux laïques et vrais ségrégationnistes que sont les dirigeants du Front National. N’élargissons pas le boulevard dans lequel l’extrême-droite s’est engouffrée, en permettant qu’elle se fasse un lifting et se pare d’une peau de lapin de défense des libertés démocratiques communales et des principes républicains, en complète opposition à son essence même, celle de la discrimination entre les communautés. Un récent bulletin municipal mantevillois, qui s’apparente davantage à un bulletin paroissial de cathos intégristes, est révélateur de la supercherie de la politique d’extrême-droite de l’équipe Nauth. Le Front National est aujourd’hui expert en manipulation et retournement de sens de termes et de concepts – la patrie, le peuple, la laïcité, le social… - qu’il s’approprie de façon éhontée en contradiction totale avec son orientation fondamentale : le nationalisme chauvin, la haine de l’étranger, le refus du vivre ensemble, c’est-à-dire l’exact opposé de la laïcité et le poison à l’origine des pires malheurs du 20ème siècle.

L’État à un devoir de neutralité. La loi de séparation des Églises et de l’État ne l’autorise pas à imposer la construction d’un édifice religieux, qu’il s’agisse d’un temple, d’une cathédrale ou d’une mosquée. Le progrès, la paix civile, le vivre ensemble, les libertés démocratiques communales sont assurés par notre république laïque que l’on ne doit pas transformer en régime concordataire. [...]"

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