Revue de presse

"La révolte du Gaulois roulant au diesel" (A. Patricot, Le Monde, 8 déc. 18)

Aymeric Patricot, enseignant et écrivain. 12 décembre 2018

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Il y a deux ans, je quittais Paris pour une petite ville de province, profitant d’une opportunité professionnelle pour laisser derrière moi le métro, la pollution, la vie chère, le climat de violence ethnique et sociale. J’espérais goûter quelque chose comme une vie tranquille et saine. Ce faisant, j’allais observer du point de vue des campagnes les dix-huit premiers mois du quinquennat de Macron. Le moins qu’on puisse dire est que le spectacle a été saisissant. Je vais retranscrire ici quelque chose de ce que j’ai perçu dans l’accueil qui lui a été fait.

La première année, déjà, les campagnes ont bruissé d’un certain mécontentement. Elles s’estimaient bousculées : limitation de la vitesse à 80 km/h ; suppression des emplois aidés ; menace à terme sur les finances locales ; recul persistant des services publics ; dédoublement des classes de primaire dans les quartiers au détriment des territoires. Mais on se contentait de bougonner. Certes, on estimait que l’élection de M. Macron n’était pas vraiment légitime : il était arrivé là par un prodigieux coup du sort. Mais on s’était habitué à cette confiscation du pouvoir par une classe qui parle fort au nom de principes qu’elle ne s’applique pas. On acceptait la fatalité parce que l’essentiel semblait préservé : l’ordre public, quoiqu’il ait été mis à mal sous M. Hollande ; l’ordre économique, quoique le taux de chômage soit resté douloureux.

Et puis tout a basculé pendant l’été 2018. On a parlé d’erreurs de communication mais le mal était plus profond : il s’agissait d’aveux. Pendant des semaines, pendant des mois, jour après jour, une série d’actes a révélé la vérité du quinquennat aux yeux des campagnes : M. Macron ne les connaissait pas. Pis, il les méprisait. Et cela, en toute innocence, en toute bonne foi. C’était avec une sincérité désarmante qu’il révélait le fond de sa pensée, à savoir que les provinciaux sont des gens simples, corvéables à merci, condamnés par l’Histoire et potentiellement dangereux pour le pouvoir central qui incarnerait, lui, la noblesse et même le Bien. […]"

Lire « Aux yeux des campagnes, Macron ne les connaît pas. Pis, il les méprise ».



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