Revue de presse

"La radicalisation islamiste met les prisons sous tension" (lefigaro.fr , 11 juin 15)

13 juin 2015

"À sept jours du début du ramadan, les établissements pénitentiaires retiennent leur souffle.

« La situation est tendue. Et chacun compte ses troupes, radicaux comme administration pénitentiaire. » Pour ce directeur d’établissement, le ramadan 2015 est un test et le premier rendez-vous qui jugera de la politique mise en place pour lutter contre la radicalisation en prison. « C’est difficile de dire si cela sera l’occasion pour les plus radicaux de faire le coup de force ou si l’on aura droit qu’à de petits incidents épars. À une semaine du jour J, tout le monde retient son souffle. »

Ce directeur d’établissement pénitentiaire de région parisienne se rassure en espérant que le début du ramadan sera l’occasion d’un apaisement général. « Forcément quand on ne mange et que l’on ne boit pas de la journée, on est plus calme », sourit-il.

« Il y a toujours ceux qui trouvent que ce qui est servi à la rupture du jeune n’est pas bon, ou qui s’énervent parce qu’ils n’auront pas la possibilité d’emporter en cellule ce que les familles tentent de faire passer lors des parloirs », souligne cet autre responsable. « Le plus difficile finalement, c’est en quartier de semi-liberté car les détenus reviennent avec des plats préparés à la maison. Quand on les interdit, on se fait traiter de racistes ou on nous accuse de manquer de respect à leur mère ! »

Selon les premiers chiffres, les inscrits au ramadan représenteraient un tiers des détenus des prisons françaises. « Ce qui n’est pas beaucoup car les régimes sans porc représentent la moitié des effectifs, quant aux régimes végétariens (ceux des détenus qui ne mangent qu’hallal), ils ont doublé sur certains établissements », souligne un bon connaisseur du monde pénitentiaire. Discrètement,« les actes de prosélytisme ont repris ces dernières semaines », affirme ce responsable pénitentiaire.

En attendant la mise en place des quartiers de regroupement dans les établissements, notamment de Fleury-Mérogis et de Bois-d’Arcy, il faut donc continuer de gérer les pressions que les détenus les plus radicaux exercent sur les autres. Les douches en sous-vêtements, la prohibition de la musique et des images, l’interdiction de s’adresser aux surveillantes. Les incidents n’ont pas complètement disparu notamment en province. Dans cette prison du nord de la France, un détenu a commencé à faire sa prière dans la cour de promenade. « Des incidents épars », temporise-t-on. « Il faut distinguer entre ceux qui brassent de l’air et ceux qui manipulent de façon plus intelligente et dissimulée. »

« Dans la foulée des attentats, les plus radicaux de nos détenus se sont fait oublier », souligne ce patron d’une grande maison d’arrêt de région parisienne qui compte une cinquantaine d’islamistes. « Vous savez, souligne cet autre directeur d’établissement qui en gère autour de 150, tous nos détenus sont de grands téléspectateurs. Au moment des attentats, ils ont gardé les yeux rivés sur les chaînes d’info en continu, nuit et jour, comme ils l’avaient fait au moment de l’affaire Merah. Ils ont beaucoup appris et ils ne sont pas complètement idiots. C’est fini le temps des provocations. Maintenant, ils travaillent en sous-marin. Quand on fouille les cellules de ces détenus, on ne trouve plus un seul téléphone. Les surveillances de courriers, pécules et comptabilité ne donnent plus rien. Tout passe par les parloirs et les discussions orales entre détenus. Mais ce n’est pas pour cela qu’il ne se passe rien », témoigne-t-il, inquiet de voir certains des détenus radicaux jugés très dangereux disparaître des radars de la pénitentiaire.

En revanche, à Fresnes qui déroule son programme de regroupement depuis novembre dernier, le calme est revenu. S’il est encore difficile de dresser un bilan, cette stratégie qui crée un cadre actif composé des surveillants, soignants, enseignants mais aussi des familles, porterait quelques fruits. Si le nombre de personnes regroupées n’aurait pas changé et se situerait autour de 25 individus, 5 d’entre eux auraient été remis dans un cadre de détention normal. Soit un quart de l’effectif initial."

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