Revue de presse

"La politique, option latin-grec : pourquoi les mots de l’Antiquité reviennent sur la place publique ?" (Le Monde, 29 déc. 18)

2 janvier 2019

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Du président surnommé « Jupiter » à la définition du mot « peuple », l’Antiquité fait un retour en force avec ses termes et ses concepts.

Emmanuel Macron en est sans doute convaincu, à la fin de ce mois de décembre agité : la roche Tarpéienne est proche du Capitole, il n’y a qu’un pas de la réussite à l’échec. Lui qui est né à la politique parce qu’il avait su saisir le bon moment est maintenant puni pour sa démesure, disent les observateurs. Du kairos à l’hubris. Mais sans oublier Jupiter…

On pourrait s’amuser de ces clins d’œil à l’Antiquité qui ponctuent le mandat présidentiel et n’y voir que le jeu du hasard ou des effets de salonnards. C’est pour partie vrai. Ce retour d’un lexique emprunté à des mondes lointains tient d’abord de l’appétit des commentateurs pour la nouveauté. Et même trouvé chez Aristote, soit vieux de vingt-quatre siècles, le kairos a évidemment quelque chose de frais.

Mais on pourrait aussi être plus sérieux et considérer que ce goût pour l’antique est le symptôme de la crise que nous traversons – crise politique, mais aussi, plus profondément, crise démocratique, qui nous contraint à questionner en profondeur nos institutions. Après tout, si Athènes a inventé le pouvoir au peuple (« democratia »), Rome a fondé la République (« res publica »). Le monde des Anciens n’est pas le nôtre, mais les notions forgées il y a plus de deux mille ans continuent de donner forme à nos façons de penser. Les « gilets jaunes » n’ont-ils pas proclamé qu’ils étaient « le peuple » ? Les ambiguïtés de la notion sautent aux yeux si l’on en revient aux distinctions qu’opéraient le grec (entre dèmos et ethnos) et le latin (entre populus, plebs et vulgus).

De même, sans prétendre fournir de conclusion sur la nature du populisme, on aura profit à examiner le rôle des tribuns de la plèbe, à Rome, ainsi que leur legs contemporain. Et quant à la nature autoritaire de certaines démocraties, la longue histoire de la dictature et du césarisme nous rappelle que l’illibéralisme n’est pas d’invention récente. Allons donc vers le passé avec les questions du présent, car, comme le disait l’historienne Nicole Loraux, tout ce que l’on risque, c’est de « revenir vers le présent lesté de ce que l’on a appris dans le passé ». On tente !

  • Populus : « Le “peuple”, c’est la fraction qui ambitionne d’être le tout »
    Le philosophe Gérard Bras revient aux racines latines et grecques des termes « peuple » et « démocratie », afin de saisir l’évolution de ces concepts depuis l’Antiquité.
  • En Italie, le latin est une langue encore bien vivante
    Alors que l’enseignement des langues anciennes a décliné dans la Péninsule, les politiques aiment à s’apostropher en latin, paraphrasant même Cicéron sur Twitter.
  • De l’hubris appliqué à la politique et à l’environnement
    L’historien Vincent Azoulay décrypte l’usage que nous faisons aujourd’hui de ce terme grec. Une petite dérive sémantique s’est opérée depuis l’Antiquité.
  • L’ostracisme, le « dégagisme » antique ?
    Peut-on faire un parallèle entre ce mécanisme de protection de la démocratie et la défiance radicale qui vise aujourd’hui nos élites ?
  • Le tribun, la politique et les belles paroles
    A l’époque romaine, on accusait déjà ce représentant de la plèbe de démagogie, rappelle l’historienne Sarah Rey.
  • Le dictateur, un modèle de vertu dans l’Antiquité
    Dans la Rome antique, il était nommé pour sauver la République. La magistrature de ce mandat, réservé aux plus vertueux, n’excédait pas six mois.
  • Petit lexique de l’autoritarisme
    Quelle différence y a-t-il entre un autocrate, un despote, un dictateur et un tyran ? Et l’oligarque est-il plus puissant que le ploutocrate ?
  • Jules César a-t-il inventé le césarisme ?
    Le terme, apparu à partir de 1849, s’est en réalité attaché à Louis-Napoléon Bonaparte afin de contrer le qualificatif de bonapartisme.
  • Le phi et le lambda du ralliement
    La France insoumise et des groupuscules d’extrême droite empruntent à l’alphabet grec leurs symboles de reconnaissance politique."

Lire "La politique, option latin-grec : pourquoi les mots de l’Antiquité reviennent sur la place publique ?".



Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris

Tous droits réservés © Comité Laïcité RépubliqueMentions légales