Revue de presse

La nomination de Laurent Bouvet au Cevipof bloquée pour des motifs idéologiques (lemonde.fr , 11 jan. 13)

13 janvier 2013

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"[...] Ce 6 décembre 2012, au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). A la surprise générale, le directeur, Pascal Perrineau, a expliqué qu’il conservait son poste [...] et Laurent Bouvet, qui devait lui succéder le 1er janvier, s’est efforcé de faire bonne figure.

[...] Directeur du Cevipof depuis 1991, Pascal Perrineau, 62 ans, avait décidé d’écourter d’un an son cinquième mandat, qui devait s’achever fin 2013. Pour préparer sa succession, un comité de cinq membres piloté par Jean-Claude Casanova, président de la Fondation nationale des sciences politiques, avait lancé un appel à candidatures. Trois dossiers avaient été reçus.

C’est finalement celui de Laurent Bouvet, professeur de science politique à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, qui a été retenu. Il a ensuite été soumis au "conseil" du Cevipof qui, le 29 juin 2012, a donné un avis favorable à une très nette majorité. La succession de M. Perrineau paraissait assurée.

C’est à l’automne que les choses se sont compliquées. En tant qu’"unité mixte de recherche" (UMR), le Cevipof est sous une double tutelle, Sciences Po d’un côté, le CNRS de l’autre. La nomination de son directeur doit donc être validée par les deux institutions. Or Sciences Po est paralysé par la crise de gouvernance consécutive à la mort de son directeur, Richard Descoings, en avril 2012. Et le CNRS – ce qui n’arrive pratiquement jamais – a contesté la régularité de la procédure suivie.

En cause, le non-rattachement de Laurent Bouvet à l’une des deux tutelles, et le fait que son nom ait d’abord été sélectionné par un comité ad hoc et non directement par le "conseil" du Cevipof. "Ce sont des façons de faire totalement inhabituelles, fait-on valoir au CNRS. Si les gens de Sciences Po veulent faire leurs petits arrangements avec leurs comités ad hoc, c’est leur problème, mais nous ne sommes pas obligés d’accepter."

Comme souvent, les arguments de procédure en cachent d’autres, plus difficiles à avouer. Sous couvert d’anonymat, l’un des chercheurs du CNRS qui a eu à expertiser le dossier le reconnaît : "Des gens du Cevipof sont venus nous voir pour se plaindre du comportement de M. Bouvet. Ils nous ont aussi montré ses tweets, où il exprime ses opinions politiques à tout bout de champ. Peut-on sereinement diriger un laboratoire de science politique quand on est militant et qu’on arrive à se mettre une partie de sa future équipe à dos avant même d’arriver dans les murs ?"

Membre du PS de 1988 à 2007, mais volontiers critique à son égard, Laurent Bouvet, 44 ans, est l’un des fondateurs de la "gauche populaire", un réseau d’élus et de chercheurs qui prônent la reconquête des "catégories populaires", et dénoncent la tendance de la gauche à privilégier les enjeux sociétaux au détriment des questions sociales. Pourfendeur du communautarisme, il considère que la gauche doit se détourner des minorités pour retrouver ce qu’il appelle dans son livre Le Sens du peuple (Gallimard, 2012).

Cela lui a valu de vives passes d’armes avec la fondation Terra Nova ou le quotidien Libération, ainsi que des étiquettes déplaisantes, comme celle de "lepéniste de gauche". Il ne renie pas son engagement, mais il assure avoir "mis un frein" à ses prises de position politiques dans la perspective de son arrivée au Cevipof. [...]"

Lire "Au Cevipof, la politique est un sport de combat".



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