Revue de presse

"La justice russe absout [sic] une membre des Pussy Riot" (Le Monde, 12 oct. 12)

12 octobre 2012

"Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, l’une des membres du groupe protestataire Pussy Riot, est ressortie libre de l’audience en appel du tribunal pénal de Moscou, mercredi 10 octobre. Ses co-accusées, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, et Maria Aliokhina, 24 ans ont vu leur peine de deux ans confirmée, pour "vandalisme motivé par la haine religieuse". [...]

Pour avoir chanté un simulacre de prière hostile à Vladimir Poutine et au patriarche orthodoxe Kirill dans la cathédrale du Christ-Sauveur en février, les trois jeunes femmes avaient été condamnées à deux ans de prison le 17 août. La sévérité de la juge, qui avait axé son réquisitoire sur le blasphème, notion absente du code pénal russe, avait suscité de nombreuses critiques en Russie comme à l’étranger.

En appel, la justice russe a transformé la peine de Ekaterina Samoutsevitch en sursis, autorisant sa libération immédiate. Sa nouvelle avocate a convaincu la cour que la jeune femme, stoppée par des gardes, n’avait pas pu chanter avec le reste du groupe. [...]

Le cas des Pussy Riot a eu beau provoquer une levée de boucliers à l’étranger, la sympathie qu’elles suscitent en Russie est limitée, d’autant que la place faite à l’Eglise orthodoxe n’a jamais été aussi grande. "Le patriarcat est aujourd’hui l’équivalent du service idéologie du Parti communiste soviétique", souligne Vladimir Koursounski, fondateur du signe d’information en ligne Grani.ru.

Ainsi, sur décision récente du Synode (l’institution collégiale de la hiérarchie ecclésiastique), les membres du clergé sont autorisés à se présenter aux élections. Une loi punissant le blasphème de trois ans de prison est en cours d’adoption à la Douma, la Chambre basse du Parlement. De nombreux dissidents comparent cette loi antiblasphème à l’article 58 du code pénal de l’URSS, punissant la "propagande antisoviétique".

Le patriarcat cherche à devenir l’autorité morale suprême. D’ores et déjà, des cours sur "les fondements de la religion" figurent au programme de certaines écoles maternelles et primaires et de lycées. A la Douma, le député conservateur Vladimir Lyssakov veut imposer l’enseignement de la théorie divine sur l’origine, au même titre que celle de Darwin.

La montée en puissance de l’Eglise orthodoxe "est le projet commun du Kremlin et du haut clergé" juge le site en ligne Gazeta.ru. En panne d’idéologie pour son troisième mandat, Vladimir Poutine revient aux fondamentaux de la Russie éternelle, redonnant vie au slogan "Pour le tsar, la foi et la patrie"."

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