"La France invite l’Organisation mondiale de la santé à retirer la transsexualité de la liste des maladies mentales" (Le Monde, 18 mai 10)

21 mai 2010

"A l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, Roselyne Bachelot, ministre de la santé, et Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, devaient, au nom de la France, demander à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de retirer la transsexualité de la liste des maladies mentales.

« La lutte contre les violations des droits de l’homme fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre est l’un des axes de la politique de la France en matière de droits de l’homme », rappellent-ils dans un communiqué, en dénonçant la « stigmatisation des transgenres partout dans le monde ».

Les « transgenres » sont des personnes qui ont le sentiment d’appartenir à un sexe qui n’est pas leur sexe biologique. Certaines se font opérer - les transsexuels -, d’autres se contentent de revêtir l’apparence du sexe auquel ils ont le sentiment d’appartenir - les travestis. « Selon les pays, la transidentité est entrée dans la liste des maladies mentales dans les années 1970 ou 1980, note le comité Idaho, organisateur de la Journée internationale, dans un texte sur la transsexualité. Pensant qu’il s’agissait d’une maladie, certains psychiatres tentaient donc de « soigner » les personnes trans en recourant parfois à la lobotomie ou aux électrochocs. »

En France, certains « trans » choisissent de se faire opérer mais leur parcours médical a longtemps abouti à une impasse juridique : jusqu’en 1992, la Cour de cassation refusait de modifier leur état civil. Il a fallu une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme pour que les tribunaux modifient leur jurisprudence. Aujourd’hui, les transsexuels qui ont suivi un traitement médico-chirurgical peuvent obtenir des documents d’identité qui mentionnent non plus leur sexe de naissance, mais celui qu’ils ont rejoint.

La transidentité continue cependant à figurer parmi les maladies mentales recensées dans la classification des psychiatres américains, le DSM-IV, et celle de l’OMS. En 2009, un appel international lancé par le comité Idaho avait donc demandé le retrait de la transsexualité de la liste de l’OMS. « La classification médicale internationale en vigueur considère encore comme mentalement « dérangés » les transsexuels, soulignait ce texte. Cette vision archaïque n’est pas seulement fausse et insultante, elle justifie, voire renforce, les discriminations et stigmatisations. »

Cet appel avait été signé par la première secrétaire du PS, Martine Aubry, l’anthropologue Maurice Godelier, le psychanalyste Serge Hefez ainsi que trois Prix Nobel - Elfriede Jelinek (littérature), Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier (médecine). Le gouvernement français avait alors fait un premier geste : Mme Bachelot avait annoncé que la France serait le premier pays au monde à retirer la transsexualité de la liste des maladies mentales. Depuis le 10 février, les « troubles précoces de l’identité de genre » ne figurent donc plus dans la liste des « affections psychiatriques de longue durée » recensées par le code de la Sécurité sociale." [...]

La demande de déclassification de la transsexualité adressée à l’OMS intervient vingt ans, jour pour jour, après une autre décision historique : le 17 mai 199O, l’OMS avait retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales."


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