Culture / Cinéma

L’Adieu à la nuit : du rôle des femmes dans le djihadisme (G. Durand)

par Gérard Durand. 1er septembre 2019

L’Adieu à la nuit, d’André Téchiné (1 h 43 min), avec Catherine Deneuve, Kacey Mottet Klein, Oulaya Amamra, sorti le 24 avril 2019.

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Alex, avant de partir au s’installer au Canada, vient passer quelques jours dans le ranch tenu par sa grand-mère, Muriel, pas très loin de Toulouse. C’est un jeune homme dont la réserve s’est fortement accentuée depuis sa dernière visite et Muriel s’en étonne dès les premiers contacts. Étonnement qui devient vite inquiétude quand elle découvre la conversion d’Alex à l’islam qu’il pratique avec ferveur, tout en refusant d’en parler avec sa grand-mère chaque fois qu’elle tente une approche. Très vite apparaît un autre personnage, Lila, qui va se révéler être la clé du comportement d’Alex, islamiste convaincue et pratiquant la dissimulation avec beaucoup d’adresse.

Avec Alex ils ont formé un projet de départ pour le djihad en Syrie, mais ils ont pour cela besoin d’argent, de beaucoup d’argent, dont ils sont loin d’avoir la moitié, et quand Alex lui explique qu’il se refuse à trouver la somme nécessaire en volant sa grand-mère, c’est Lila qui va le convaincre que le Coran ne condamne pas le vol si la victime est une incroyante, et c’est au nom de Lila qu’ils vont ouvrir un compte alimenté par les chèques volés.

Mais ce vol va mettre en marche la machine à perdre. Muriel, alertée par la banque et d’abord incrédule, va se résoudre à fouiller les affaires d’Alex, où elle trouve la preuve que le départ pour le Canada est une pure invention, la destination réelle étant Istamboul via Barcelone. Elle va alors tenter par tous les moyens d’empêcher ce voyage pour finalement se résoudre à prévenir la police.

Plusieurs scènes agrémentent le récit décrivant bien le mécanisme d’endoctrinement islamiste : utilisation massive d’Internet relayant des vidéos ou des prédicateurs locaux, repentis traités d’apostats et devenus inaudibles. Mais, à mon sens, l’essentiel de ce film n’est pas cette mécanique, mais son éclairage sur le rôle des femmes.

Dès l’apparition, en 2015, de la violence djihadiste et le départ de jeunes Français pour rejoindre Daesh, la tendance générale était de poser les femmes musulmanes en victimes, pauvres petites abandonnées ou au contraire emmenées de force par leurs conjoints aux rêves de guerre et de massacres. C’est très progressivement les femmes musulmanes se sont en partie converties au djihad, et qu’elles ont joué un rôle essentiel dans l’organisation des départs des hommes - sœurs envoyant leurs frères ou partant avec leurs maris et leurs enfants. Aujourd’hui nous savons que dans les camps de prisonniers des groupes de femmes fanatisées font régner la terreur. Sale coup porté à nos bien-pensants.

Un dernier mot pour revenir au film et dire que les acteurs, Catherine Deneuve et Kacey Mottet Klein sont exceptionnels, comme le sont aussi les seconds rôles.

A voir.

Gérard Durand


Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Djihadistes français et/ou en France dans Terrorisme islamiste (note du CLR).


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