Revue de presse

K. Daoud : "Sainte Diam’s" (Le Point, 9 juin 22)

Kamel Daoud, écrivain, journaliste. 10 juin 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"La séquence est digne des hagiographies des saints du proto-christianisme : un homme licencieux, amateur de vins et d’amour, belle voix au chant, suspend d’un coup sa carrière de barde au spectacle d’un cadavre, d’une météorite dans le ciel, ou encore à l’enterrement d’un ami, abandonne tout et prend le chemin de la contrition. Il racontera alors à tout-va comment il a découvert le salut après le succès, la paix de l’âme sans le corps.

C’est vieux comme saint Augustin (ou d’autres) mais aussi neuf que le film de Diam’s, l’ex-rappeuse française. Dans Salam (redondance hallalisée du slam), l’ex-chanteuse, aujourd’hui voilée et convaincue, raconte aussi son moment de « repentance ». La séquence est toujours pareille : une vie de déchéance « avant », un moment d’illumination, un « après » de prêche, visage vidé par une extase monosyllabe, yeux larmoyants de gratitude envers l’idée fixe. [...]

Diam’s est une femme, donc un péché vivant, et son repentir se fait au prix de son corps entier et pas seulement d’une barbe. Sa conversion est plus stratégique, car son crime est plus grand : femme, occidentale et star de chant. [...]

Le show-business est le domaine du péché, et rien de mieux pour gonfler les rangs des sympathisants que de convertir une star. Cela prouve, par bénéfice induit, que l’art est un crime, l’Occident le diable et l’islamisme la solution (slogan des frères musulmans en Égypte). [...]

Aux plus lucides des observateurs [la séquence] propose l’image de femmes ou d’hommes fragilisés par le succès, confrontés à leur personnage et soumis aux contradictions de leur vie ou de leur culture. Angoissés, souvent sans assise intellectuelle pour se défendre contre la « Vérité », rescapés de la solitude la plus violente et donc aptes au « salut », ils sont exhibés comme des bêtes sauvages. Et, si la détresse est réelle, l’usage qu’en fait la machine islamiste est tout aussi prédateur que ce que l’ex-star dénonce : chanter « salam » à la place du slam, ce n’est souvent que changer de parolier et de producteur. [...]"

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