« Sciences, Raison et Laïcité ». Jean-Michel Besnier : “Le progrès : une idéologie comme une autre ?” (résumé)

Colloque du CLR (Paris, 7 mai 11) 6 mai 2011

Résumé

Jean-Michel Besnier

Professeur de Philosophie à l’Université Paris-Sorbonne

Le progrès : une idéologie comme une autre ?

Tant qu’il fut une croyance, le progrès s’est trouvé soustrait à la discussion. Il était un préjugé qu’on n’argumente pas, qui accorde simplement une valeur positive à un simple déplacement spatial (en latin/, progressus /dit d’abord le /pas/ que l’on effectue en marchant). Depuis au moins trois décennies, on voudrait des preuves. Preuves de quoi ? De ce que la perfectibilité est bien le propre de l’homme, qu’elle est sa nature même (comme l’ont dit à leur façon Rousseau et Sartre) et qu’elle justifie l’idée de progrès. La paléoanthropologie et les sciences cognitives ont tenté de "naturaliser" cette idée et de l’établir comme un fait - et non plus comme une simple valeur. Il n’empêche : l’histoire du XXè siècle a eu raison de ce qui semblait une évidence et le progrès s’est trouvé compromis dans des idéologies déclarées catastrophiques. Depuis lors, la prospective, caractéristique des sociétés modernes, oscille entre essoufflement et fantasmatisation. L’innovation tente désormais de fonctionner comme un mot d’ordre de substitution, qui suscite cependant bien des réserves. On entend dire que le futur n’aura bientôt plus besoin de nous. Les transhumanistes en appellent en effet à une métaphysique de la rupture avec le présent et ils misent, pour cela, sur des aspirations à l’immaîtrise tout à fait étrangères à l’idéologie du progrès issue des temps modernes.


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