Revue de presse

J. Glavany (PS) : "Comme un besoin de République..." (Marianne, 20 juin 14)

Député PS des Hautes-Pyrénées. député PS des Hautes-Pyrénées. 2 juillet 2014

"En ces lendemains d’élections européennes flotte dans notre pays comme un besoin de République. Non pas une nostalgie, celle d’un modèle qui ne serait plus, mais une soif inextinguible d’un projet d’une extraordinaire modernité. Oui, je crois que la France a besoin de République.

D’une République portant haut et fort ses symboles, son drapeau tricolore comme son hymne, la Marseillaise, qu’il est moins question que jamais d’abandonner à quelques irréductibles nationalistes. Je suis pour la renationalisation de ces symboles, contre leur privatisation.

D’une République forte de ses valeurs et habitée par l’obsession de les faire vivre, de les cultiver, de les enrichir. Parce que les valeurs qu’on ne cultive pas meurent doucement de leur belle mort : la liberté — une conquête toujours à parachever —, jamais séparable de l’égalité, qui n’est pas qu’une question de droits mais demeure un projet majeur, celui de la lutte acharnée contre les injustices sociales, et l’indispensable fraternité d’un vivre-ensemble qui s’effiloche.

D’une République où la laïcité n’est pas seulement une liberté — la liberté de conscience —, ni seulement le respect des différences — bien sûr qu’il faut commencer par cela ! —, mais est aussi, dans le même mouvement, l’indispensable recherche de ce qui réunit et rassemble les citoyens. Ce qui nous est commun. Voyez tous ces discours, ces articles, ces éditoriaux qui ne dissertent que sur ce qui nous divise. Et l’on s’étonne de notre incapacité à nous rassembler ? La vraie République laïque, c’est le rassemblement dans l’indifférence aux différences.

D’une République démocratique où la seule légitimité qui compte soit celle que l’on tient du peuple, de sa volonté et de ses suffrages. Où l’on ne biaise pas avec ce que dit le peuple, même quand ça nous déplaît.

D’une République exemplaire — oui, j’ose employer l’expression, car elle reste à construire... — où l’on n’égrènerait plus la litanie des anciens ministres mis en examen, des conseillers qui se font cirer les bottes dans les palais dorés, des parlementaires qui se font construire des palais dans des paradis fiscaux, des fausses factures qu’on croyait avoir enterrées il y a vingt ans et qui resurgissent aujourd’hui, des groupes d’armement ayant leurs représentants officiels dans les assemblées parlementaires.

D’une République partant à la reconquête de la citoyenneté, que l’on appelle aussi le civisme, cette ardente obligation qui nous est faite, à nous, les citoyens, de conjuguer nos droits avec nos devoirs. En commençant par le devoir de dire son mot, en votant. Comment se plaindre du résultat du 25 mai quand on ne vote pas ? Dans mon département, les Hautes-Pyrénées, le nombre de voix recueillies par le FN ce jour-là a été inférieur à celui de la présidentielle. Mais le score de ce parti a enflé par le seul fait de l’abstention... Citoyens, dites votre mot ! Dites oui, dites non, exprimez votre colère ou votre mécontentement, mais dites-le ! En pensant à ceux qui sont morts pour nous léguer ce droit...

D’une République où le civisme est aussi fiscal, où l’on apprend aux citoyens que payer des impôts justes, c’est un devoir républicain qui donne droit à des services publics de qualité. Tiens, je fais une proposition iconoclaste : que la première tranche de l’impôt sur le revenu, celle des plus bas revenus, soit non pas nulle mais forfaitaire. A 50, 100 ou 150 €, je ne sais, pour que l’impôt sur le revenu redevienne un impôt universel et républicain.

D’une République qui, justement, apprend à ses enfants ce civisme disparu, leurs droits et leurs devoirs. On a moqué à tort le projet du précédent ministre de l’Education de réintroduire la morale laïque à l’école. Ne voit-on pas, pourtant, combien les enfants de la République ont plus que jamais besoin d’apprendre l’amour de leur pays, le respect des autres, de tous les autres, la générosité, le bien, le mal, le goût de l’effort, l’amour du travail bien fait ? C’est ça, la République !

D’une République de combat acharné contre toutes les discriminations, tous les racismes, tous les apartheids, toutes les xénophobies. Une République qui enseigne le goût de l’autre, si différent, qui vous enrichit. La République du respect.

Oui, je crois profondément que notre pays a besoin de République. Plus que jamais. D’une République forte de ses valeurs et ferme dans son exercice des responsabilités. Où l’autorité redeviendrait naturelle, aux antipodes de l’autoritarisme ou du laxisme. Parce que nos concitoyens ont aussi soif d’autorité, de règles, de repères. Appelez-la la République moderne ou la République sociale, mais c’est la République. Il est temps que nous retrouvions le goût de vivre ensemble, la passion de ce qui nous réunit, l’envie de construire un projet commun. Et tous les projets politiques ne devraient plus être lus qu’à cette lumière-là."

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