Revue de presse

"Islamisme : le danger de la tolérance envers les intolérants" (A. Shalmani, L’Express, 26 jan. 23)

Abnousse Shalmani, journaliste et écrivaine. 26 janvier 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"L’islamisme ne s’articule plus que du bout des lèvres. D’ailleurs on ne dit plus "islamisme", mais "islamisme radical". Comme on ne dit plus "taliban", mais "taliban ultraconservateur", comme si un taliban pouvait être autre chose, comme si l’islamisme n’était pas une idéologie précise, théorisée depuis les années 1920 et mise en pratique depuis la révolution islamique d’Iran de 1979. Cela relève de la pensée magique : en murmurant "islamisme", on en viendrait à bout, en distinguant "islamisme" et "islamisme radical", on apprivoiserait ceux qui veulent remplacer les lois de la République par celles de Dieu. Emmanuel Macron n’a pas fait autre chose lors de la commémoration du massacre de l’Hyper Cacher du 9 janvier 2015, en préférant motiver l’acte du terroriste islamiste par l’excuse de la "folie". [...]

La tolérance envers les intolérants musulmans a accouché d’un monstre froid qui a pour mission de balayer la culture, de faire table rase des préceptes démocratiques pour les remplacer par les interdits religieux.

L’affaire de la représentation de Mahomet dans une université américaine en est l’exemple le plus criant. Une professeure d’histoire de l’art de l’université Hamline, Minnesota, a choisi d’étudier une peinture du XVIe siècle représentant l’ange Gabriel et Mahomet. Dans une démarche de tolérance, elle a prévenu, par courrier et à l’oral, ses élèves adultes, pour que leur sensibilité de bigot ne puisse être froissée par la représentation du prophète de l’islam. Le jour du cours, aucune absence n’est à déplorer, ni en classe ni en ligne. La peinture est un chef-d’œuvre, son analyse passionnante. Seulement voilà que le président de l’Association des étudiants musulmans assiste au cours, et son trauma est tel qu’il se plaint à l’administration de l’université du choix de montrer une image "dégradante et irrespectueuse" pour les musulmans. Ni une ni deux, le doyen de Hamline s’aligne sur la sensiblerie de son étudiant musulman : la décision de proposer à l’étude cette image est "indéniablement inconsidérée, irrespectueuse et islamophobe". La présidente de l’université va un peu plus loin en considérant que "le respect des étudiants musulmans aurait dû l’emporter sur la liberté académique". Le cours de la professeure titulaire est donc annulé, et son contrat ne sera pas reconduit.

Quand l’islam est réduit au Coran, et seulement au Coran

Aucun respect de quiconque ne doit l’emporter sur la liberté académique, aucune sensibilité ne doit infléchir la liberté d’enseignement, aucune insulte ne devrait arrêter l’étude. D’autant plus que la représentation de Mahomet n’est pas interdite chez les chiites, et que la peinture en question n’est ni blasphématoire ni insultante, mais glorifie la figure de Mahomet et immortalise, par l’art, l’instant de la Révélation. Mais depuis quand l’islamisme est-il capable de subtilités ? Et quand bien même la peinture étudiée eût été blasphématoire et insultante, depuis quand l’Occident reprend-elle les interdits de pays rétrogrades qui, à force d’interdits et de tabous, ne sont pas capables de subvenir aux besoins primaires de leurs populations et qui stagnent intellectuellement à proportion que l’islamisme se répand ? [...]

"La tolérance que l’on remarque et que l’on loue souvent chez les grands hommes n’est toujours que le résultat du plus profond mépris pour le reste des humains ; lorsqu’un grand esprit est tout à fait pénétré de ce mépris, il cesse de considérer les hommes comme ses semblables et d’exiger d’eux ce qu’on exige de ses semblables." On devrait décidément tous relire Schopenhauer pour éviter de couler dans le marbre de l’intolérance."



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