Revue de presse

"Insultes, agressions, communautarisme… Carton rouge dans le foot amateur" (Le Point, 13 oct. 22)

18 octobre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Dans les cités des villes comme dans les villages, la violence mine les terrains de football, avec à la clé une pénurie d’arbitres."

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"[...] Les instances du football peinant à regarder en face la réalité de la violence dans leur sport, il est difficile de leur demander d’affronter cette embarrassante dimension communautaire. Il leur est beaucoup plus confortable de mettre en avant l’indéniable rôle d’intégration que joue souvent le foot amateur. Le problème est que les deux réalités coexistent. Le ballon rond crée du lien, mais il génère aussi des antagonismes. Avivée par des solidarités de langue ou de culture, la dynamique de groupe peut rapidement virer à l’esprit de meute. Maître de conférences en management du sport à l’université d’Orléans (Loiret), José Chaboche s’est penché sur la violence dans les clubs amateurs du district de son département, établissant un indice de l’indiscipline et des débordements. Il relève que « la moitié des clubs à très fort indice repose sur une identité nationale ou régionale », tels les Turcs de Gien, de Pithiviers ou de Malesherbes et les Réunionnais d’Orléans. Souvent rattachés à des cités sensibles, ils « n’ont qu’une ou deux équipes seniors [en général des trentenaires, NDLR] ainsi qu’un encadrement non formé et déjà lourdement puni pour son comportement ». « De petits clubs ruraux, cultivant un entre-soi à souche gauloise, cette fois, leur ressemblent », peut-on lire dans son étude. Contacté par Le Point, l’universitaire botte prudemment en touche. « C’est un sujet chaud, d’actualité et, potentiellement, extrêmement polémique. »

Son analyse est confirmée par le constat empirique d’un ex-encadrant bénévole du district Grand Vaucluse. « Prenez des photos d’équipes du Pontet, d’Entraigues ou de Bollène, vous verrez. Il y a des clubs de Blancs, d’Arabes ou de Turcs. Ajoutez les injures racistes, qui sont banalisées dans le foot ; le mélange est détonant. » En 2009, le district Grand Vaucluse n’est pas passé loin de la tragédie quand un joueur du MJC Bollène, harcelé pendant tout un match par les joueurs et les supporteurs du club voisin de l’US Entraigues, a sorti une arme de son sac au coup de sifflet final. Il a tiré sur un adversaire, le blessant gravement. La victime se prénommait Mohamed, et le tireur, Cyril… L’incident ne se résumait pas à du racisme, mais il s’inscrivait indéniablement sur un fond d’insultes racistes croisées, autant envers les Maghrébins qu’envers les Blancs, échangées au fil des saisons.

Élu en 2020 maire de la commune de Pordic, près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), Joël Batard fait partie des très rares élus qui parlent sans réticence de la dimension communautaire des tensions qui minent le foot amateur. Au printemps 2022, il a mis un terme à des années de violences commises par une équipe installée sur sa commune, le FC Tréméloir. « C’était des seniors. Plusieurs avaient été virés d’autres clubs, par racisme, prétendaient-ils, en réalité parce qu’ils étaient ingérables. » Le 3 avril 2022, une énième rencontre a dérapé. Un joueur de Tréméloir s’est déchaîné sur un jeune d’une autre équipe, lui donnant des coups de pied dans la tête alors qu’il était au sol. Bilan : vingt et un jours d’arrêt pour la victime et six mois de prison ferme pour l’agresseur. « J’ai fait ce que je pouvais en tant que maire, raconte Joël Batard. Je les ai privés de terrain et j’ai prévenu le préfet. » Ce dernier a dissous le club.

Combien de temps encore aurait-il sévi si Joël Batard n’avait pas pris le taureau par les cornes, sans se laisser intimider par un éventuel procès en racisme ? L’élu sort son joker : « Posez la question au district. »"

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Voir aussi les rubriques Sport amateur dans Sport, Mixité dans Femmes-hommes (note du CLR).


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