Revue de presse

G. Konopnicki : "Le racisme le plus préoccupant, aujourd’hui en France, provient de groupes qui peuvent être eux-mêmes visés par le racisme" (Marianne, 26 juil. 19)

28 juillet 2019

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Apprenant qu’une manifestation antiraciste était organisée après qu’un policier a ouvert le feu sur un jeune Beur, Pierre Desproges lança aux bonnes âmes de gauche : « Le racisme commence quand on ne dit pas que ce policier est noir. »
Pierre Desproges portait un humour visionnaire. Chacun, désormais, choisit ses racistes. L’émotion a gagné les réseaux sociaux à la vue de ces vidéos où une meute encagoulée attaquait une voiture de supporteurs algériens, sur les quais du vieux Lyon. Emotion légitime, à n’en pas douter. A ce moment-là, nous aurions aimé entendre ceux qui, à bon droit, s’indignaient des violences et des actes de vandalisme commis au prétexte de célébrer la victoire de l’Algérie en Coupe d’Afrique des nations. Cette agression venue de l’extrême droite radicale laissait manifestement les indignés de droite indifférents. Elle fut traitée avec beaucoup de précautions, comme une rumeur de réseaux sociaux, alors même qu’un grand quotidien régional, le Progrès, avait confirmé l’information et diffusé la vidéo sur son site.

Quelques heures plus tôt, dans la banlieue de Rouen, Mamoudou Barry, universitaire et docteur en droit, recevait un flot d’insultes racistes, alors qu’il se trouvait dans sa voiture en compagnie de sa femme. Sortant de son véhicule pour raisonner l’homme qui l’insultait, il a reçu un violent coup de poing, avant d’être frappé à coups de bouteille et de tomber au sol. Mamoudou Barry est mort dans la soirée à l’hôpital. Le meurtrier présumé, interpellé deux jours plus tard, n’a rien d’un mâle blanc. Il est de nationalité turque et, semble-t-il, assez inculte pour prendre l’Algérie pour le champion de l’islam quand elle affronte le Sénégal, pays majoritairement musulman. Il ne lui importait pas de connaître la nationalité de Mamoudou Barry, venu de Guinée, il ne voyait que la couleur de sa peau. Les prétendues organisations et personnalités réputées antiracistes ne semblent guère pressées de dénoncer ce crime raciste. Or, il y a bien un racisme virulent, issu de l’ancien Empire ottoman et du monde arabe, traitant les Noirs en sous-hommes. L’héritage d’une longue histoire coloniale et esclavagiste, celle de la Turquie et des Etats barbaresques.

Le racisme commence bien, comme le percevait Desproges, au moment où l’idéologie interdit de situer son origine. Il existe bien, cela s’est vu à Lyon, un racisme blanc, exprimé dans la violence par des nazillons. Il est dangereux parce qu’il est organisé, mais il est marginal et il serait temps d’appliquer les lois de la République, en prononçant la dissolution des groupuscules identitaires. Pour autant, l’essentiel des agressions et des crimes racistes ne proviennent pas de la vieille extrême droite française. Ni les meurtres d’Ilan Halimi et Mireille Knoll, tués parce que juifs, ni les agressions contre les Asiatiques à Aubervilliers, ni les coups mortels portés à Mamoudou Barry, ne sont le fait de nazillons blancs. Le racisme le plus préoccupant, aujourd’hui en France, provient de groupes qui peuvent être eux-mêmes visés par le racisme. Or, des organisations qui se prétendent représentatives de ces catégories de population n’ont de cesse de dénoncer un prétendu racisme d’État, tout en répandant des théories racistes jusque dans les universités. L’idée même d’un racisme d’État n’est pas seulement injurieuse pour la France, elle relève de l’ineptie. […]"

Lire "Meurtre de Mamoudou Barry : un racisme, des racismes".



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