Culture / Cinéma

Freda - Haïti : le racisme omniprésent (G. Durand)

par Gérard Durand. 2 novembre 2021

[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Freda, de Gessica Geneus (1 h 29), avec Néhémie Bastien. Sorti le 13 oc. 21.

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Haïti est un pays en miettes dans tous les sens du terme. Soumis régulièrement à de fortes catastrophes, typhons, tempêtes tropicales, tremblements de terre, de nombreux quartiers sont un paysage de ruines.

Le domaine politique n’est guère plus reluisant, coups d’état se succèdent de dictature en dictature, déliquescence du pouvoir, corruption massive, y compris dans les forces de police, multiplication des bandes armées génèrent une insécurité permanente.

Freda vit avec un frère et une sœur des maigres revenus d’une petite épicerie tenue par leur mère, confite en dévotion et dont la principale occupation est de lire la Bible. Ils représentent la faible diversité des possibilités offertes aux jeunes du pays. Freda est étudiante, quand l’université n’est pas en grève. Son frère prépare son exil avec le maigre appui financier de la famille. Quant à la sœur, elle se livre à une chasse à l’homme riche qui voudra bien l’épouser.

Le film est un film de femmes. Les hommes ne font que passer, certains parce qu’ils s’exilent, les autres parce qu’ils partent vers une autre femme, plus belle ou plus blanche. Car le racisme est omniprésent, d’abord les blanches, puis les mulâtres et tout en bas les noires. La vie sentimentale est un vrai nuancier et les marchands de produits blanchisseurs de peau font fortune.

Il y a aussi le domaine religieux, ou le protestantisme affronte le vaudou. Comme l’état est absent, les protestants gèrent les hôpitaux, des écoles et les administrations où se délivrent les visas. Tout le monde se tourne vers dieu mais pas nécessairement pour une question de croyance. La guerre que fait le protestantisme au vaudou, très profondément ancré chez les Haïtiens, génère des conflits intimes d’une rare violence.

Enfin il y a la langue. Le film est projeté en créole, comme le souhaitait la réalisatrice. Elle avait raison tant l’impression de réalité s’en trouve renforcée. C’est dans cette langue musicale que nous verrons le frère partir et comprendrons qu’épouser un homme riche n’est pas toujours une sinécure.

A voir avant sa disparition des écrans.

Gérard Durand


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