Revue de presse

"France Télévision : discrimination positive ou démagogie ?" (T. Le Méné, lefigaro.fr/vox , 4 mars 16)

Théophane Le Méné, journaliste. 8 mars 2016

"France 2 rechercherait un présentateur de JT « issu de la diversité ». Pour Théophane Le Méné, bien malin serait celui ou celle qui pourrait affirmer que la couleur est, dans ce milieu ultra-fermé, un frein particulier.

[....] Il n’y aurait rien de plus anormal qu’un homme ou une femme de couleur ne puisse accéder à des responsabilités de premier plan dans le paysage audiovisuel français. Mais bien malin serait celui ou celle qui pourrait affirmer que la couleur est, dans ce milieu ultra-fermé car ultra-compétitif, un frein particulier. Car alors combien serions-nous - apprentis journalistes, journalistes et autres pigistes - à nous scruter le derme pour interpréter les innombrables fins de non-recevoir qui constituent le quotidien de toute vocation journalistique ?

Cela étant dit, et si tant est que l’on veuille s’inscrire dans une dialectique de la discrimination positive qui ne connaît pas de fin en soi, rien ne serait plus anormal non plus que ne puissent aussi postuler d’autres catégories de personnes auxquelles on ne pense pas spontanément lorsqu’il s’agit de tels postes. Et c’est là où le bât blesse.

C’est qu’en fait de discriminations, certains combats payent plus que d’autres. Et sans entrer dans une liste à la Prévert qui ferait le jeu de la concurrence victimaire, personne ne contestera que nonobstant la couleur de peau, il vaudra mieux être jeune, mince, beau et surtout dépourvu d’un handicap forcément disgracieux pour prétendre s’incarner à l’écran. Faudrait-il s’en convaincre que l’on se remémora l’avis inique du Conseil supérieur de l’audiovisuel fustigeant une vidéo élaborée à l’occasion de la Journée internationale de la trisomie 21 par des trisomiques clamant simplement leur joie de vivre. Que n’a-t-on ici entendu les pourfendeurs de la discrimination ?

Lorsque l’on souffre de légitimité, il est d’usage de vouloir s’en draper en adoptant une cause pour laquelle on ferraille en convoquant les grands principes quand ce ne sont pas les figures homériques de l’Histoire et de sa grande hache. Mais les batailles perdues d’hier n’inspirent pas celles d’aujourd’hui. Car dans une société où il n’existe aucun corrélat entre l’héroïsme et le succès, il importe peu que la fronde ait ce destin dramatique qui donne du sens au combat, pourvu que l’on soit au-devant de la scène et que l’on donne cette impression d’honneur et de courage de ses opinions. On peut le regretter mais on peut aussi en rire ; à plus forte raison lorsque les chevaliers blancs de notre époque font des évidences un cheval de bataille, reléguant la tragédie et la solitude aux récits grecs.

Alors bien sûr, on acquiescera à ceux qui promeuvent la paix, conspuent la guerre et célèbrent la liberté et l’égalité. Mais l’on ne pourra s’empêcher d’ajouter qu’il y a tout de même quelque chose de facile à faire d’un axiome une cause singulière. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire."

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