Revue de presse

"Euthanasie refusée : « Mon mari est où dans tout ça ? » interroge Rachel Lambert" (AFP, leparisien.fr , 16 jan. 14)

16 janvier 2014

"Les juges ont tranché contre l’avis des médecins. Jeudi en fin de matinée, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a décidé de « maintenir l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert », un tétraplégique en état de conscience minimale, a annoncé Me Jean Paillot, l’un des avocats des parents, qui s’étaient prononcés pour le maintien en vie de leur fils.

Pour Rachel, son épouse, la décision du tribunal rajoute « de la violence à la violence », alors que « le laisser partir est l’ultime preuve d’amour qu’on peut lui apporter. » « Je pense à mon mari, je me demande où il est dans tout ça », assurant que son mari « avait clairement signifié son refus de tout acharnement. » Elle est également revenue sur les déchirements au sein de la famille : « Avec ceux qui demandent l’acharnement à tout prix et la vie coûte que coûte, le dialogue est difficile. Il y a des antagonismes trop forts et du moment qu’on nie à Vincent le droit d’être ce qu’il a été, le débat est clos ».

Des antagonismes que le jugement de ce jeudi ne va pas apaiser. « On a sauvé la vie de Vincent, c’est une victoire du droit, c’est une victoire pour tous les handicapés », s’est en effet réjoui Me Paillot. Autre avocat des parents, Me Jérôme Triomphe, voit là une décision « fondamentale, qui sauve la vie de Vincent ». « Quand il y a un doute, ce doute doit profiter à celui qui risque d’en pâtir. On n’a pas le droit, parce qu’une personne est handicapée, de s’en débarrasser. » « Dans cette affaire, les médecins ont prétendu être les seuls décisionnaires », a ajouté celui qui avait aussi défendu les manifestants de « La Manif pour tous ».

« C’est un soulagement, la justice est rendue mais tout ce que l’on souhaite maintenant c’est que la famille retrouve un apaisement et avec son épouse aussi », a réagi la mère de Vincent, Viviane Lambert. « On n’avait jamais parlé d’euthanasie dans la famille. On a encore de l’espoir », a-t-elle ajouté sur BFMTV.

Le tribunal a notamment « jugé que la poursuite du traitement n’était ni inutile, ni disproportionnée et n’avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie et a donc suspendu la décision d’interrompre le traitement ». La juridiction a par ailleurs estimé que « c’est à tort que le CHU de Reims avait considéré que M. Lambert pouvait être regardé comme ayant manifesté sa volonté d’interrompre ce traitement ».

Cette décision contredit donc le corps médical et la femme du patient, qui s’étaient prononcés en faveur d’une euthanasie passive. « Vincent n’a pas de lien relationnel et le maintien de l’alimentation ne lui permettra jamais de recouvrer un lien de relation », a déclaré Me Weber-Seban, l’avocate du CHU. « On va prendre le temps d’analyser les motivations du tribunal avant de proposer éventuellement un recours auprès du Conseil d’Etat. »

« J’ai le sentiment que les volontés de Vincent n’ont pas été respectées », a déclaré le docteur Eric Kariger, chef du service de médecine palliative du CHU de Reims. « C’est à la déontologie et à la profession médicale de définir la notion d’obstination déraisonnable. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que certains ont pris notre place. (...) C’est une remise en cause de la loi Leonetti (sur la fin de vie, ndlr) dans sa justesse et son équilibre, ce qui en tant que citoyen m’inquiète particulièrement. »

Comme prévu, l’affaire pourrait donc se poursuivre devant le Conseil d’Etat. La décision d’un tel recours sera prise au plus tôt vendredi, a annoncé Me Lorit, l’avocat de François Lambert, le neveu du patient, qui souhaitait « débrancher » Vincent. Des consultations doivent avoir lieu avec les avocats de Rachel, l’épouse de Vincent, et du CHU, également partisans de l’euthanasie passive.

Me Lorit estime que la décision est « assez mal motivée » et « risque de créer une jurisprudence fâcheuse pour l’ensemble des patients pauci-relationnels (en état de conscience minimale, ndlr) qui risquent de se voir retirés du champ d’application de la loi Leonetti (sur la fin de vie, ndlr). » « Mon avocat pense qu’il faut aller devant le Conseil d’Etat, qu’on a des chances sérieuses », a indiqué François Lambert sur I-Télé. « Cela me semble très étrange que l’auteur de la loi dise que cela s’applique à Vincent et que le tribunal dise que ça ne s’applique pas à Vincent. »

Dans la partie adverse, ce possible « rendez-vous » au Conseil d’Etat est attendu « avec une grande sérénité », par Me Triomphe, l’avocat des parents. [...]"

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