Revue de presse

"Enquête sur la France des tribus" (Marianne, 26 août 02)

5 septembre 2002

"« On ne transforme pas un bout de bois en caïman. C’est un proverbe de chez nous », affirme Claudette, pétulante jeune femme noire aux cheveux impeccablement lissés et laqués. Claudette est arrivée du Rwanda il y a dix ans. Elle habite aujourd’hui rue Maurice-Ravel, à Amiens, dans un F3 du quartier nord, au dernier étage, avec son mari Josué, ses trois enfants et, ce jour-là, une grande partie de sa famille, venue du pays pour le mariage de sa cousine. Pourquoi a-t-elle cité ce proverbe ? « Tout simplement pour dire que ce n’est pas demain la veille que, vous et moi, on va nous confondre. Nous, les Africains, partageons si peu de chose avec vous. Ni la langue, ni la culture, ni la religion, ni l’histoire. » Eclatant de rire, elle ajoute : « La seule chose que nous ayons en commun, c’est d’acheter la même marque de yaourt et, peut-être, d’avoir envie de la même bagnole. »

La société de consommation serait-elle devenue l’unique ciment de la société française ? « Oui, il y a une homogénéisation culturelle dans le libéralisme et le consumérisme », explique à Marianne Emmanuel Ma-Mung, sociologue à l’université de Poitiers. « Claudette est le prototype d’une nouvelle vague d’immigration qui, d’une certaine façon, met en péril le schéma classique de l’Etat-nation. Elle veut bien s’intégrer, mais elle ne veut pas perdre son identité. Elle n’est pas candidate au clonage. Elle rejette, fait nouveau, l’allégeance à un seul pays. »

Depuis une trentaine d’années, chaque communauté s’est inscrite dans ce schéma. Cultivant sa propre nature, elle s’est repliée sur elle-même. Comme l’explique Ahmed, restaurateur pakistanais dans le Xe arrondissement de Paris, « l’intégration est devenue une illusion ». Il faut dire qu’Ahmed n’a pas l’air d’apprécier les Français. « Vous êtes racistes. J’ai un restaurant de cuisine pakistanaise, mais j’ai été obligé de rajouter des spécialités indiennes, sinon les gens ne venaient pas. Depuis le 11 septembre, c’est pire. Les Français croient que tous les Pakistanais sont des intégristes musulmans et de dangereux terroristes. C’est injuste. C’est la CIA qui a fabriqué les talibans, c’est avec elle qu’ils ont partagé pendant des années l’argent de la drogue. Et quand les talibans ont dit stop, alors là, les Américains ont décidé de faire le ménage. Vous, les Français, dans cette histoire, vous n’êtes que des caniches. » [...]

Une communauté, une rue, un fief

Le matin, lorsque les rideaux de fer des nombreuses boutiques se lèvent, dans la poussière et l’odeur du curry froid, comme le soir, lorsque les lampions sont allumés, on se croirait quelque part entre Karachi et Bombay. Antoine Pounassamy, Pondichérien, s’y est installé le premier, dans les années 50. « Mon père, raconte sa fille Dela, était cuisinier à l’ambassade de France. Quand l’ambassadeur est rentré en France, il l’a suivi. Il a d’abord ouvert, à la Défense, une charcuterie française. Nous sommes catholiques, le porc ne nous faisait pas peur. Puis il a cherché un endroit où installer un autre commerce. Un jour qu’il déjeunait dans le coin du passage avec ma mère, il y a vu un local à vendre, l’a acheté, a ouvert un petit restaurant et a distribué des prospectus pour se faire connaître. » Aujourd’hui, en plus du restaurant, il possède une grosse épicerie. Dela est à la caisse, en sari bleu et bindi assorti, le cheveu long et dru, la main immense et potelée, le bras lascif recouvert de bijoux comme la maharani de la Mousson, et semble régner sur ce morceau de territoire devenu un important lieu d’approvisionnement pour tous ceux qui ont quitté leur pays. Ils reviennent y acheter, comme dans n’importe quel marché d’une ville du sous-continent et tout comme le bobo du coin en mal d’exotisme, les bananes à frire, les courges, les ignames, le bétel, le gingembre, le riz disposé dans d’énormes sacs ou les bee-dies. Pour les saris, c’est plus haut, boulevard de la Chapelle, où l’on trouve les tissus de soie ou de polyester au prix de gros dans une ambiance survoltée et polluée où il ne manque que les rickshaws et les vaches sacrées pour que le paysage soit à l’identique. Les Pondichériens ont été les premiers à s’installer dans ce triangle appelé « Little India », coincé entre la gare de l’Est, le boulevard de Sébastopol et la rue du Faubourg-Saint-Denis, suivis, vingt ans plus tard, dans les années 70, par les Tamouls et, plus récemment, en grand nombre, par les Pakistanais du Pendjab, qui sont coiffeurs, épiciers ou vendeurs de vidéos.

Chaque communauté a ses quartiers, ses passages, ses adresses, ses atmosphères. Rue Dejean, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, le samedi matin, à l’heure du marché, on a le net sentiment d’être en Afrique. « Tout le monde vient, même de Belgique ou du Luxembourg, pour acheter le capitaine, un poisson de rivière, le manioc, la patate douce nécessaire à la fabrication des plats locaux, le mafé (pâte d’arachide), le shepe ou le kanja, à base de poisson. » Entre une poissonnerie et un marchand de légumes, Karim, né à Paris, d’origine algérienne, a créé son business, un petit bazar où on trouve de tout, des bassines de tôle ornées de fleurs, des réveils, des parapluies, des passoires, des biberons, des radios. Le tout, importé de Chine, est presque vendu au prix de gros. « Les marges se font sur la quantité vendue. Ici, je vous assure, il y a du potentiel. »

En face de chez lui, Awa, 15 ans, née au Mali, en troisième au lycée Hector-Berlioz, vend, dans la boutique de son père, les boubous qu’importe Adjo, une jeune Togolaise « styliste et businesswoman ». « Moi, je suis très mélangée, explique Awa, je ne peux pas laisser tomber mon pays. En même temps, je suis française... Enfin, je ne sais pas trop. On verra. Je sais que je veux être infirmière et rentrer peut-être au pays. A moins que je me décide à rejoindre ma soeur en Espagne. »

Sa soeur a « fait » tous les pays : les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Italie, la France. Aujourd’hui, elle est à Madrid. Elle se dit européenne. Elle a essayé tous les systèmes. Pour le moment, elle dit que c’est en Espagne que c’est le mieux. Si l’émigration postcoloniale s’apparentait à une aventure individuelle et se voulait intégrationniste, celle de la deuxième génération est plus mercenaire, mercantile, intéressée.

Paris-sur-Afrique

« C’est sûr que, pour de nombreux Africains, la France n’est qu’une étape. Aujourd’hui, les jeunes s’identifient d’abord aux Noirs américains. Ils fantasment sur ceux qui ont réussi à la Nasa, au gouvernement, à la tête de multinationales, dans le cinéma, la chanson », explique Eyoum Ndangue, un Camerounais réfugié en France depuis 1997 après son incarcération à Douala, où il avait critiqué le sénateur-président à vie Paul Biya. Il y a trois ans, il fondait un journal satirique, le Grigri international. Que Paris soit une ville africaine ne fait, pour lui, aucun doute. « A Paris, j’ai perfectionné ma langue - le dialecte lingala de Brazzaville - et j’ai découvert le zouloug, une musique ivoirienne. Toutes les ethnies sont ici représentées et vivent entre elles. L’unité africaine ? C’est à Paris qu’elle va se faire. »

Le coiffeur de Ndangue s’appelle Tala, il officie pour 4 € sur le palier d’un foyer du XIXe arrondissement, près de la place des Fêtes. Il est en retard au rendez-vous. On l’appelle dans l’escalier, il arrive avec un tabouret, un miroir, une rallonge de 20 m pour le rasoir à l’étage supérieur et un baladeur où résonne de la musique africaine. L’escalier sent le riz et l’arachide, les arbres bougent comme les frondaisons des flamboyants, les oiseaux piaillent ; en bas, deux chiens se battent sur un monticule de détritus. Que manque-t-il à Tala ? « La mer. C’est tout. Bientôt je vais partir. Je me suis fait niquer : j’ai donné 12 000 francs (1 830 €) à un policier français pour avoir mes papiers. Ça a marché jusqu’à ce que je demande ma carte de Sécu. C’est là qu’on m’a repéré. Je suis un sans-papiers. Comment voulez-vous vous intégrer quand vous êtes illégal ? Je vais aller au Portugal. Là, il y a la mer. »

Mlle Xang, 20 ans, a eu la même expérience. Elle est arrivée illégalement en France avec ses parents en provenance de la région de Wenzhou, en Chine, où son père était pêcheur. « La vie était trop dure, alors mon père est d’abord allé en Italie, où il savait qu’il était plus facile d’obtenir des papiers. Puis il est revenu nous chercher, ma mère, mon frère et moi. Nous nous sommes arrêtés à Zurich pour une escale vers Rome, mais nous ne sommes jamais remontés dans l’avion. Ensuite, nous sommes arrivés en France. » Pendant dix ans, la famille a vécu sans ses papiers. « C’est une des raisons qui plongent certaines populations dans l’isolement. Les sans-papiers ne se mêlent à personne, ne sortent pas, n’ont pas d’amis autres que ceux de leur ethnie, qui parfois même les rejettent aussi, par prudence. C’est difficile de s’intégrer dans ces conditions. C’est pourquoi j’ai vécu repliée sur ma communauté. »

En face du Bagdad Café peint en jaune criard se trouve une sorte de tripot à la devanture triste et sale. Pas d’inscription sur la façade. A l’intérieur, trois tables de quatre joueurs. Au milieu, celle des femmes. Elles jouent le portable à la ceinture, la clope au bec, le regard concentré, la gorge en évidence. Ici, tout le monde joue au mah-jong. [...] Où sommes-nous ? A Macao, dans les bas-fonds de Canton, dans un remake de l’Année du Dragon ? Non, à deux pas de Beaubourg, rue au Maire, en plein IIIe arrondissement, en pleine Chine éternelle. Le supermarché d’à côté vend des racines de ginseng, du poisson séché et... des cartes de téléphone. A côté, planté derrière ses rayons tapissés de bocaux remplis de plantes médicinales, un Chinois bedonnant et austère pèse ses herbes avec sa petite balance. Seuls les Chinois y ont droit. Aux « Occidentaux », il ne propose que des paquets de thé sans intérêt, « spécial digestion » ou « spécial beauté ». Ils ont beau insister, c’est « non », et ils regardent avec envie le Chinois plier ses petits papiers roses bourrés de plantes miraculeuses.

La rue au Maire est un raccourci de Chine, avec ses enfants potelés, ses petites filles en jupe à volants et chouchou criard dans les cheveux, qui jouent dans les boutiques, ses marchands de maroquinerie dont les noms répondent à de drôles de jeux de mots, comme cette Li Liane Shop remplie jusqu’au plafond de ceinturons en tout genre. Une atmosphère très « Condition humaine » à la Malraux. Ici, comme dans toutes les rues avoisinantes, on ne parle pas un mot de français. [...]

Double identité, un fardeau

Si apprendre la langue n’est pas une nécessité, c’est que la prégnance du groupe originel est plus forte que tout. C’est d’abord par autodéfense qu’ils reconstituent le village ou reforment la famille. Le groupe, le clan, le village remplacent la terre. La « famille », ou plutôt la « tribu », garantit la survie. Et puis 80% des immigrants d’Afrique sont illettrés. Alors, ils se regroupent, entre eux. Au Bourget, on retrouve les Sénégalais soninké orientaux, à Grigny, les Maliens soninké bambala, à La Grande-Borne, les Wolof bamiléké. L’apprentissage de la langue française ? On imagine combien il est difficile pour un enfant de s’intégrer dans ces conditions quand, une fois rentré chez lui, après l’école, il ne peut trouver la moindre aide. Une double identité qu’il traîne parfois comme un fardeau.

La reconstitution du village initial s’explique par les mécanismes de l’immigration illégale. La plupart du temps, c’est la famille qui envoie ses enfants. Elle se réunit, donne son aval au voyageur et l’expédie en Europe, là où d’autres gens de sa famille et du village se retrouvent. L’homme travaille et envoie une partie de ses ressources à la famille. Récit de Mamadou Deme, sénégalais, aujourd’hui référent jeunesse du secteur 2 de Grigny : « Chez nous, on était 13. Je viens du village de Sinthial Simsal. Mon père était éleveur. Quand la sécheresse de 1985 a commencé, mon frère est parti le premier. Aujourd’hui, il est tailleur dans le XIXe. Puis mon tour est venu. A nous deux, on rapportait 8 000 francs par mois. On en gardait la moitié pour la famille. En plus de cela, on était obligé de cotiser à la caisse commune du village pour financer des travaux mais aussi pour aider les nouveaux arrivants, leur payer leur carte orange, leurs soins d’hôpital. Ceux qui ne cotisent pas, à leur retour, sont montrés du doigt et doivent se débrouiller pour rembourser. Un Africain seul n’existe pas. Voilà ce qu’on apprend. »

La faillite de l’école républicaine

De même, un Chinois seul n’existe pas. On rappelle souvent, dans la communauté, l’histoire d’un serveur de restaurant accusé de vol et jugé, à Paris, par un tribunal secret dans un appartement du XVIIIe arrondissement, présidé par un mandarin en exil. Le serveur avait été condamné à l’ostracisme. Lettres et e-mails avaient alors inondé la planète. De Paris à Pékin, en passant par San Francisco, le malheureux a été boycotté. Une sentence planétaire.

« C’est inutile de parler votre langue. Le business se fait entre Chinois, reprend Mlle Xang. En plus, les Chinois mettent leurs enfants dans les boutiques, pour la vente ; les parents et les grands-parents, eux, s’occupent d’import-export. » Si on dit à Mlle Xang que les Chinois, c’est comme les bananes, jaunes à l’extérieur, blanc à l’intérieur, elle éclate de rire. « Pour moi, je dirais que c’est le contraire. Blanc à l’extérieur mais jaune à l’intérieur. Même si vous voyez des filles habillées à l’européenne, même si vous constatez que des garçons ont fait fortune dans l’informatique ou l’import-export, le Chinois se mêle difficilement. Moi, je me sens plus l’héritière de Confucius que du siècle des Lumières. » L’école de Jules Ferry a-t-elle donc failli à sa mission ? « Paradoxalement, explique Amar Henni (1), directeur du service municipal de la jeunesse en région parisienne, l’école laïque républicaine fait parfois des ravages. Elle déstructure l’enfant. Prenez un petit Africain qui a toujours vécu dans sa famille au sens très large, dans le culte de la solidarité, poussée, chez eux, à l’extrême. Il se retrouve dans une société occidentale qui, à l’inverse, exalte l’individu. Rentré chez lui, l’enfant veut reproduire un modèle qui, de surcroît, est en crise. Le gosse est plombé. » L’individualisme, valeur la plus partagée dans nos sociétés occidentales, ne prend ni chez les Asiatiques, ni chez les Africains. Un jour, Mamadou Deme, en visite chez une amie française, constate qu’elle frappe à la porte de la chambre de sa fille avant d’entrer. « Tu frappes ?, lui demande-t-il étonné. Mais qui paye le loyer ? C’est pourtant toi, non ? » Elle lui explique que c’est une marque de respect. Il répond qu’il ne se fait pas à cette manière qu’ont les Occidentaux de marquer leur territoire. « Chez nous, les enfants sont dans la rue, appartiennent à tout le monde. On va et on vient. Sans prévenir. On ne peut pas se comprendre. »

Dans la France en voie de communautarisation se développent certaines formes d’intégrisme, notamment dans le domaine de l’éducation. « L’enseignement laïc que vous défendez, explique André Touboul, directeur de l’établissement scolaire loubavitch Beth-Hanna, rue Petit, dans le XIXe arrondissement, ne laisse pas de place à l’expression des convictions religieuses. S’il y a une demande en matière d’école juive, c’est à cause du calendrier des fêtes juives, des règlements alimentaires. Je vous rappelle que nous sommes sous contrat avec l’Etat. »

[...] Sarah, 14 ans, élève dans l’établissement, déclare qu’elle est juive, qu’elle n’a pas d’amis français et catholiques « parce que c’est trop compliqué », qu’elle ne porte pas de jupes courtes, ne fume pas, ne boit pas, respecte toutes les fêtes religieuses, pense que Sharon est le meilleur leader qu’Israël ait jamais eu et que « les Palestiniens n’ont qu’à rentrer chez eux ». Où ? « C’est leur problème », rétorque la jeune fille.

Issu d’une branche du hassidisme née au XVIIIe siècle dans une petite ville de Russie, le Hadad Loubavitch, mouvement juif orthodoxe, connaît depuis une vingtaine d’années un renouveau certain. Dans certains quartiers de Paris, de Strasbourg, de Nice, de Marseille, de Grenoble ou de Lyon, on rencontre de plus en plus souvent les silhouettes des barbus à chapeau et manteau noirs. Ils croient en la venue prochaine du messie, ils sont adeptes d’un rite tatillon, qui codifie tous les actes de la vie religieuse, prônent le respect des 613 commandements de la Torah, se nourrissent « supercasher », apprennent le yiddish à leurs enfants et interdisent les mariages mixtes, car les Loubavitch craignent comme la peste ce fléau de l’assimilation galopante du judaïsme. Que demande ce petit garçon coiffé de sa kippa à la visiteuse qui tente de rentrer dans son école de la rue de Flandre, dans le XIXe arrondissement ? « T’es juive, toi, pour me poser toutes ces questions ? »

Le porte-parole de la communauté, Haïm Nisenbaum (2), déclare : « C’est désobligeant de vouloir nous considérer comme une secte intégriste. Alors que précisément nous voulons rester dans la société tout en conservant nos convictions. Oui, nous vivons dans l’inquiétude que suscite la communauté musulmane ; oui, nous pensons qu’Arafat n’est pas un interlocuteur valable ; non, nous ne sommes pas pour la rétrocession des Territoires. » [...]

Une difficile intégration

Pourquoi le melting-pot est-il devenu impossible ? « On demande aux gens de s’intégrer. Mais de s’intégrer à quoi ? demande Amar Henni. L’effort n’a pas été fait de part et d’autre. Moi, né en Algérie, musulman, de mère française, je me sens français, et ceux qui parlent mal de la France, je leur dis : « Si t’es pas content, dégage. » Mais des comme moi, il y en a de moins en moins. » Pourquoi l’intégration semble-t-elle plus difficile aujourd’hui qu’autrefois ? « Parce que la classe ouvrière a disparu avec la mort du Parti communiste, que les immigrés ne se reconnaissent plus nulle part et qu’à cela s’ajoute l’illusion du retour », poursuit-il.

Pourquoi dit-on toujours que les Asiatiques s’intègrent mieux que les autres ? « Parce qu’à l’origine ce sont des boat people et que c’est plus chic d’être réfugié politique que réfugié économique. Cela dit, l’intégration des Asiatiques est un leurre : il n’y a pas plus opaque que leur système d’organisation »,conclut-il.

Aida, Camerounaise perchée au dernier étage de son immeuble de Grigny, ancienne journaliste, ne mâche pas ses mots : « C’est une manie chez vous de vouloir qu’on s’intègre. Quand vous, les Blancs, vous êtes au Cameroun, est-ce que vous vous intégrez ? Vous avez vos quartiers, vos écoles, vos restaurants, vos hôpitaux... Pourquoi ne nous laissez-vous pas le droit de vivre entre nous ? »

(1) Cités hors-la-loi. Violence, business, tentation islamiste : la jeunesse invente ses règles, d’Amar Henni et Gilles Marinet, Ramsay, 250p.
(2) Qu’est-ce que le hassidisme ?, de Haïm Nisenbaum, Seuil, 285p."

Lire "Enquête sur la France des tribus".


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