Création d’une commission d’enquête parlementaire sur le port du voile intégral (Le Monde, 3 juil. 09)

4 juillet 2009

"Six ans ont passé mais la passion semble intacte. Le travail parlementaire qui s’est engagé, mercredi 1er juillet, pour six mois, sur le port du voile intégral (burqa ou niqab) en France, fait écho aux débats qui ont précédé la loi de mars 2004 sur le port des "signes religieux à l’école", en particulier le voile islamique.

Les valeurs républicaines, le principe de laïcité, le "vivre-ensemble", l’égalité homme-femme sont, aujourd’hui comme alors, évoqués par les membres de la mission, composée de 32 députés de droite et de gauche et présidée par
André Gerin (PCF), pour justifier le lancement d’un travail qui devrait déboucher sur l’"état des lieux" de cette pratique, adoptée par une frange très minoritaire des musulmanes vivant en France.

Du foulard islamique au voile intégral, les termes du débat sont pourtant différents. La mission d’information parlementaire sur la question des signes religieux à l’école, mise en place entre mai et décembre 2003 sous la présidence de Jean-Louis Debré, s’inscrivait clairement dans la défense des principes de laïcité au sein d’un service public, l’école.

La burqa concerne l’espace public et des femmes majeures. [...]

L’ampleur des deux pratiques - simple foulard ou niqab - est aussi sans commune mesure. De même que diffère leur signification psychologique, sociétale et religieuse. Si la plupart des responsables musulmans considèrent le foulard comme une prescription religieuse, ils la récusent pour le port du voile intégral. Reprenant la formule de M. Sarkozy pour qui il ne s’agit "pas d’un problème religieux", le rapporteur de la mission, Eric Raoult (UMP), veut faire le point sur les effets de cette pratique quant à la liberté, la vie quotidienne et la dignité des femmes.

Pour Jean Glavany (PS), membre des missions Debré et Gerin, des similitudes existent néanmoins entre la problématique du voile islamique à l’école et celle de la burqa : "Il y a derrière ces pratiques des groupes intégristes
qui poussent à la déstabilisation de la République ; or si la laïcité ne combat pas les religions, elle doit combattre les intégrismes." Pour autant, le député n’élude pas les difficultés pour éradiquer ce phénomène dans le cadre du droit.

L’hypothèse d’une loi ne fait pas l’unanimité chez les membres de la mission Gerin. Lionnel Luca (UMP) plaide pour "la fermeté contre ce petit noyau qui défie notre République". Jacques Myard (UMP) a déposé, dès septembre
2008, une proposition de loi interdisant "à toute personne de voiler son visage sur la voix publique" sauf "missions spéciales, carnaval et tournage d’un film", sous peine de 15 000 euros d’amende. Nicolas Perruchot (Nouveau Centre), l’un des rares députés à avoir voté contre la loi de 2004, se montre "dubitatif sur le fait qu’une loi puisse réparer ce que le contact avec les personnes ne parvient pas à faire. Légiférer pourrait provoquer davantage de défiance dans la communauté musulmane".

La mission auditionnera, dès mercredi 8 juillet, des responsables de collectivités locales et d’associations féministes. Au cours de ses travaux, elle devrait tenter de rencontrer des femmes en burqa."

Lire “Du voile à l’école au port de la burqa dans l’espace public, le débat a changé”.



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