Journée “Le dilemme iranien” (Paris, 13 juin 10) : intervention de Malka Marcovich

Vice-présidente du Comité Laïcité République 18 juin 2010

J’interviens ici en tant qu’historienne et consultante internationale, mais surtout en tant que militante, au titre de Vice-Présidente du Comité Laïcité République, membre du Mouvement pour la paix et contre le terrorisme et de la Ligue du droit international des femmes.

La laïcité, et la question du terrorisme sont intrinsèquement liées aux avancées et aux régressions des droits des femmes. En effet, aujourd’hui, en raison des menaces terroristes islamistes, de nombreux gouvernements, y compris les nôtres, capitulent sur la laïcité, qui seule permet l’avancée, voir le maintien des droits des femmes.

L’érosion de la défense de ces principes a commencé en réalité il y a trente ans au niveau international, par l’influence de plus en plus grandissante et des pressions de la république islamique d’Iran. Jusqu’à 1979, l’Arabie Saoudite qui avaient refusé la Déclaration universelle de 1948, en raison de l’égalité entre les femmes et les hommes et des règles dela Charia, était jusqu’alors restée en retrait.

En 1979, l’ONU adoptait la Convention pour l’élimination des discriminations à l’encontre des femmes (CEDAW), que l’on a considéré comme la Déclaration Universelle des droits des femmes. Il est certain que cette Convention n’aurait jamais pu être adoptée quelques années plus tard, à cause des dérives que la République islamique a introduites au sein de l’institution internationale à partir de 1981. Je décris précisément l’historique de ces dérives dans mon ouvrage Les Nations désUnies, comment l’ONU enterre les droits de l’homme, et la manière dont le relativisme culturel s’est développé, mettant en péril l’avancée des droits des femmes dans le monde.

Ce qui s’est passé en Iran il y a 30 ans n’a pas seulement eu des conséquences sur la vie des femmes là bas, mais aussi dans d’autres pays, comme le Liban par l’entremise du Hezbollah ou dans les territoires palestiniens sous contrôles du Hamas.

Depuis 2003, les pratiques chiites discriminatoires à l’encontre des femmes ont eu un impact sur l’ensemble de la société irakienne, au Kurdistan et même chez les Sunnites, qui pratiquent par exemple de plus en plus les mariages temporaires, qui sont le plus souvent une couverture pour la prostitution et la traite des femmes.

Dans les instances internationales, la RI d’Iran a contribué au renforcement de l’Organisation de la Conférence Islamique.

En 1998, nos pays se réjouissaient de l’arrivée au pouvoir du président iranien prétendu modéré Khatami, qui proposait le dialogue des civilisations et interreligieux – devenu depuis l’Alliance des civilisations – comme projet de pacification du monde. Cela constitua un tournant décisif et la défense des valeurs universelles et de la laïcité furent de plus en plus attaquées au tournant du siècle.

Oui, aujourd’hui, dans les enceintes internationales et ailleurs, nos démocraties capitulent de plus en plus face aux pressions iraniennes contre les normes universelles. Ces mécanismes de capitulation se voient à un niveau général et vis-à-vis d’autres pays, comme lorsque l’on se couche devant le Colonel Kadhafi pour ne prendre que cet exemple.

Jadis les guerres se menaient sur le dos des femmes. J’ai bien peur que la/les paix de demain se feront contre les droits des femmes. Rien n’est jamais acquis. Nous ne sommes pas ici à l’abri. La liberté des femmes en Iran et la fin du régime théocratique auront des conséquences sur l’ensemble de nos sociétés. La victoire des Mollahs ont eu un impact manifeste durant 30 ans et risque de continuer d’influer sur les droits des femmes, là bas, ailleurs et ici. C’est pourquoi, plus que jamais, il nous faut rester fermes pour proclamer les principes de laïcité et refuser le chantage au terrorisme.


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