Tribune libre

De l’incompatibilité entre la Laïcité et le séparatisme islamique (J. Schellhorn)

Jacques Schellhorn, membre du Conseil d’administration du CLR. 5 juin 2021

[Les tribunes libres sont sélectionnées à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

L’Islam politique ou « Islamisme » en ce début du XXIème est devenu l’idéologie la plus puissante du monde contemporain. Feu le Marxisme – Léninisme, place à l’Islamisme ! Cette idéologie politico – religieuse, à essence totalitaire, est parvenue à s’infiltrer au sein des quartiers populaires, des banlieues déshéritées des agglomérations européennes, particulièrement en France et en Belgique.

Constituant de véritables enclaves territoriales hors des Lois françaises et belges comme l’a décrit le professeur B. ROUGIER, ignorant l’évolution scientifique et démocratique de l’Humanité ces derniers siècles, le séparatisme islamique prône la domination mondiale autour de ses mosquées et de ses imams prêchant la « Charia – Loi islamique », de ses écoles hors contrat, quelquefois illégales comme en Seine Saint Denis, où l’enseignement des jeunes enfants se fait en langue arabe à base de l’étude du Coran et de la Sunna, de ses magasins « halal », de ses œuvres caritatives et de ses associations culturelles, sportives dont l’incroyant – le mécréant est exclu. Un entre soi mortifère !

L’Islamisme est bien un cheval de Troie gangrénant tous les pays musulmans dans lesquels il a pu prendre, même partiellement, le pouvoir comme en Iran, en Afghanistan, au Soudan, en Somalie, au Yémen, en Algérie, en Syrie, en Irak, en Libye et dans les pays du Sahel africain. Il a laissé derrière son passage la violence, le sang et la mort d’innocents humains comme les Musulmans peu motivés pour cette idéologie, les Chrétiens d’Orient, les Kurdes et les Yézidis dont les femmes et les filles furent vendues en esclaves sexuelles. L’islamisme n’est pas l’Islam ! Comme le démontre à travers ses remarquables ouvrages le sociologue Gilles KEPEL.

Aujourd’hui, le séparatisme islamique prétend conquérir l’Europe. Les élites politiques européennes, françaises en particulier, mirent longtemps à se rendre compte du danger mortel que court la civilisation humaine face à ce danger totalitaire. En effet, la Laïcité républicaine issue du siècle des Lumières est totalement incompatible avec cette lecture littérale du Coran et de la Sunna. Les prédicateurs islamiques refusent la séparation de fait du religieux et du politique prônant une doctrine globale. Ils considèrent la Laïcité comme un moyen de combattre leur idéologie.

Le séparatisme islamique fait l’objet d’une Loi en cours de processus parlementaire puis de promulgation pour application. Il était temps de clarifier ce qui est permis et ce qui ne l’est pas en France. Ces dernières années, les « entrepreneurs islamiques » salafistes et fréristes, s’étaient donnés pour objectif de maintenir les différentes composantes de l’Islam dans une fidélité culturelle et religieuse rigoriste imposant des normes de vie incompatibles avec la société franco-européenne.

C’est le cas extrême du salafisme avec le développement séparé de ses adeptes autour des mosquées, centres de vie cultuelle, culturelle et sociale. Nous sommes effectivement en présence d’un « territoire conquis » hors de contrôle des institutions publiques. Nous payons les erreurs décennales commises par les politiques de la « ville » et de l’affectation des logements sociaux dans les « quartiers ».

L’islamiste se sent fort dans ses « territoires conquis », il devient alors militant et bientôt radical, révélant l’existence d’un continuum entre Salafisme et Jihadisme. Les salafistes peuvent alors vivre totalement en dehors des lois républicaines : pas besoin d’école publique, ni de mairie annexe, ni de crèche, ni de maison d’association, ni de bibliothèque, ni de poste de police, la mosquée et son environnement islamique pourvoit en tout besoin…. D’après les derniers recensements du ministère de l’Intérieur, il existerait un millier de quartiers semblables en France.

L’Islamiste n’est pas émancipateur mais rétrograde pour les femmes et l’éducation des enfants. Il autorise la polygamie, les mariages forcés et les certificats de virginité pour les filles, tout domaine contraire à la dignité de la personne humaine et à l’égalité homme – femme. Il conduit à un repli sur soi, à un rejet sociétal et à la haine de l’autre. La réappropriation républicaine de ces domaines sociaux et culturels est un impératif absolu si on veut que la Laïcité s’applique à nouveau.

Ce séparatisme engendre ce que le chercheur Hugo MICHERON appelle le Jihadisme français. Né dans les banlieues enclavées des agglomérations sous le contrôle des « Frères », il a poursuivi sa route au Levant dans les mouvements terroristes pour finir bien souvent dans les prisons françaises ou sur les champs de bataille du Proche-Moyen Orient.

La tâche de reconquête républicaine de ces quartiers est immense. Elle passe par l’éducation des jeunes, l’émancipation des femmes du carcan où certains veulent les maintenir, la réintégration dans le monde du travail de ce que l’on doit appeler la nouvelle classe ouvrière et une véritable intégration dans la société européenne. Un vaste programme !

L’Islamisme apparaît comme une idéologie réactionnaire, d’un passé lointain, anti-occidentale où d’après ses propagandistes salafistes, fréristes et autres influenceurs, toute souveraineté vient du divin et la place de l’Homme ne vaut que par son obéissance à la loi islamique au sein de la communauté des croyants. Cette doctrine politico –religieuse puritaine est tout-à-fait à l’opposé des Lois, principes et valeurs de la République française dont le socle est constitué par la Loi de 1905 sur la séparation des religions et de l’Etat. De plus, la présence permanente à tous les moments de la vie de la doctrine islamique totalitaire empêche le libre examen de pensée et donc d’émancipation.

Faut-il rappeler certains passages de la déclaration de principe du CLR, de l’article 1 du préambule de la Constitution de 1958, des articles 10 et 11 de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ? La Laïcité pose le principe fondamental de la liberté de conscience, le droit absolu à la liberté d’opinion, matrice de toutes les libertés publiques et privées.

Défendre la Laïcité contre le séparatisme islamique, c’est préserver un modèle de civilisation humaine portant sur l’émancipation de tous, sur l’égalité homme – femme, sur la vocation universelle des valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, sur la connaissance scientifique de l’Univers dans lequel nous vivons, l’ensemble permettant l’indispensable paix civile nécessaire au progrès humain.

La Loi en cours de finalisation doit permettre de conforter le respect des principes et valeurs de la démocratie française. Donnant des pouvoirs nouveaux aux autorités politico-administratives, elle devrait contrer la trop grande liberté des islamistes d’imposer une vision du monde d’un autre âge. La nouvelle loi doit empêcher la contagion de cette gangrène islamiste de se propager dans les « quartiers sensibles », quelque fois avec la complicité d’élus en mal de réélections comme en Seine Saint Denis. Cette loi et son application concrète suffiront-elles ?

La France est un pays de citoyens égaux en droit et en devoir à l’égard de la Nation et des Lois républicaines. Ne reconnaissant les citoyens la composant ni par leur origine, ni par la race ou leur religion, mais par leur appartenance à la Nation et à son universalité, la République ne saurait admettre un particularisme identitaire conduisant à un séparatisme de fait.

Il n’y a pas de place pour toute référence dogmatique, tout intégrisme religieux, tout racisme ethnique contraire à la Laïcité dans la démocratie républicaine française. 

Jacques Schellhorn


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