Congrès de la Libre Pensée (24 août 09) : message du CLR

26 août 2009

Message de Philippe Foussier, président du CLR, au Congrès de la Fédération nationale de la Libre pensée, le 24 août 2009 à Peisey-Nancroix (Savoie).

Citoyennes, citoyens, chers amis,

Merci à vous une nouvelle fois de nous inviter à nous exprimer devant vous. Hélas, nous ne pouvons pas être représentés physiquement cette année pour l’ouverture de vos travaux mais nous vous adressons un salut amical, laïque et républicain. Un salut particulier à Marc Blondel, Christian Eyschen et Jacques Lafouge, que nous voyons régulièrement au cours de l’année.

Votre invitation à nous exprimer lors de votre congrès est l’occasion de vous faire part de quelques unes de nos préoccupations présentes. Je n’en retiendrai que deux pour ne pas abuser de votre temps.

La première, c’est bien sûr l’autorisation donnée au Vatican par la France de délivrer des diplômes d’enseignement supérieur. Le décret du 16 avril, qui formalise l’accord passé par le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner avec le Saint Siège, découle très naturellement des propos que le président de la République avait prononcés dans son célèbre discours de Latran. Comme vous, nous avons saisi le Conseil d’Etat en vue d’une annulation de ce décret et nous avons bon espoir que la juridiction administrative établisse clairement que ce décret n’est pas conforme au droit. Mais au-delà de cet aspect de forme, c’est bien entendu une nouvelle et très grave atteinte au principe de laïcité qui nous mobilise tous au sein du mouvement laque et au-delà, puisque un certain nombre de parlementaires se sont associés à des actions pour faire reculer le gouvernement. Un gouvernement et un président de la République qui s’illustrent décidément dans l’offensive anti-laïque de façon obstinée.

L’autre concerne les statistiques ethniques et la discrimination positive. Depuis l’an dernier, vous le savez, le Comité présidé par Simone Veil a rendu son rapport en rejetant clairement la demande qui lui était faite d’encourager le « toilettage » du préambule de la Constitution pour y introduire la notion de « diversité », ce qui aurait eu pour conséquence juridique évidente de mettre un terme au principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi. Cette fin de non recevoir exprimée par le Comité Veil n’a pourtant pas déstabilisé le président de la République, qui a nommé quelques semaines après un « commissaire à la diversité » en la personne de Yazid Sabeg, un militant de longue date de la discrimination positive et des statistiques ethno-raciales. Celui-ci doit rendre un rapport définitif au début de l’automne. Bien sûr, le préambule de la Constitution ne sera pas modifié, mais soyons en sûrs, les partisans des statistiques ethniques sauront trouver le moyen de contourner la loi constitutionnelle pour mettre en place leur système inique, qui relève évidement d’une conception communautariste et différentialiste de la société et de l’homme. C’est la question du relativisme contre l’universalisme qui est ici en jeu. C’est pour nous au Comité Laïcité République une question de principe sur laquelle nous ne transigerons pas.

Ces principes, je sais que nous les partageons et je veux vous dire ici combien j’ai été attentif à l’initiative que votre Institut de recherche, l’IRELP, a prise en juin dernier d’organiser un colloque consacré à la Révolution française. Au-delà de la qualité des intervenants, avec une mention particulière pour Michel Vovelle, se mobiliser pour la défense de la Révolution française, c’est précisément une manière éloquente de se mobiliser pour les principes que j’évoquais il y a un instant. Car l’égalité de tous devant la loi, l’universalisme, la République, l’abolition de l’esclavage et même la Séparation des Eglises et de l’Etat, entre autres multiples acquis, c’est à la Révolution française que nous les devons. Et nous savons aussi que ceux qui la contestent parce qu’ils en contestent les principes sont nombreux, à droite bien sûr mais aussi à gauche. C’est la raison pour laquelle il faut continuer à faire de la Révolution française un élément de débat politique présent pour tous les citoyens et non uniquement un objet d’étude pour spécialistes. Elle doit aussi retrouver la place qui était auparavant la sienne dans le contenu des programmes d’enseignement. Quoi qu’il en soit, encore une fois, merci à vous pour ce colloque.

Je conclurai mon message en vous disant combien, dans le respect de l’indépendance de nos associations respectives, le Comité Laïcité République est attaché à entretenir des relations de travail, d’échange et de mobilisation avec la Libre Pensée. Je le mentionnais au début de mon propos, les attaques contre la laïcité redoublent d’intensité depuis quelques années. Cela nécessite plus que jamais la mobilisation du camp laïque. De tout le camp laïque, dans sa diversité mais aussi dans son unité. Bien sûr, il ne s’agit pas de sombrer dans un consensualisme béat, et nous savons bien que si le président de la République peut aujourd’hui prôner une laïcité soi disant « positive », c’est parce que certains, issus du camp laïque, ont préparé le terrain depuis 20 ans en avançant les concepts de laïcité « ouverte » ou « plurielle ». Mais sur des bases claires, et je crois pouvoir dire que la Libre Pensée et le CLR partagent la même analyse, l’unité du mouvement laïque doit se faire.

Citoyennes, citoyens, chers amis, tous nos vœux pour la réussite de votre congrès et à très bientôt pour les chantiers et les combats de la République laïque et sociale.

Philippe Foussier


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