Revue de presse

Cl. Obadia : « Pap Ndiaye aura-t-il le courage de réhabiliter la sélection méritocratique et le savoir ? » (lefigaro.fr , 1er juil. 22)

Claude Obadia, philosophe, enseignant à Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye, à l’Université de Paris-Cergy, à l’ISC Paris et dans le second degré. 6 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] L’école française ne se donne pas seulement pour mission d’instruire. Elle se veut le creuset de la Nation, ce qui a déterminé le développement d’un modèle méritocratique. Que cet équilibre émancipateur vacille, et c’est tout l’édifice républicain qui s’en trouve délégitimé. C’est d’ailleurs ce qui advint à la fin des années soixante sous l’influence de Pierre Bourdieu accusant alors notre système éducatif d’assurer la reproduction des élites. Or, s’il est clair que le lycée et l’université, en 1969, restent difficiles d’accès pour les jeunes issus des milieux défavorisés, force est de constater que les politiques menées depuis n’ont pas tenu leurs promesses démocratiques.

On ne dira jamais assez l’influence de cet intellectuel, en particulier sur la réforme du collège unique mise en œuvre en 1974 sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing et sur la loi d’orientation de 1989 pilotée par Lionel Jospin. Dans les deux cas, un même postulat : la sélection maquille une entreprise de ségrégation socioculturelle. Il n’est donc guère surprenant que, de réforme en réforme, nous ayons progressivement neutralisé la plupart des dispositifs sélectifs et entériné, en renforçant l’influence des déterminismes socio-économiques, une sélection beaucoup moins équitable que celle que ces réformes ont ruinée !

Comble du paradoxe, si les bonnes consciences démocratiques fustigent la sélection, chacun s’accorde à reconnaître l’efficacité des Grandes Écoles qui, en sélectionnant les étudiants au mérite, les inclinent à tirer le meilleur d’eux-mêmes. D’aucuns diront que ces filières sont aujourd’hui confisquées par les élèves issus des milieux les plus favorisés. Mais sommes-nous dupes de l’illusion qui nous fait prendre l’effet pour la cause qui le produit ? Les élèves issus des milieux défavorisés, c’est vrai, ont plus que jamais un accès problématique aux parcours de réussite et d’excellence. Mais cela s’explique aisément. Car pour réaliser l’objectif du plus grand nombre possible de bacheliers, il a bien fallu renoncer à les sélectionner, ce qui fut fait en disqualifiant les critères de sélection censés avantager les élèves issus des milieux favorisés. Dans cette affaire, les choses sont donc fâcheusement claires. C’est parce que nous avons renoncé à mettre en œuvre la sélection la moins injuste qui soit, la sélection au mérite, que nous avons organisé la discrimination sociale qui s’est trop souvent nourrie des faux-semblants du démocratisme. [...]"

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