Revue de presse

"« Charlie » rend fous les politiques" (Nord Eclair, 23 sept. 12)

Martin Leprince est l’auteur de "Fini de rigoler : peut-on encore se marrer quand on est de gauche ?" (Editions Jacob-Duvernet, 2010) 25 septembre 2012

"La dernière incartade de « Charlie » a également donné lieu à un profond malaise au sein de la classe politique. À quelques rares exceptions, dont François Fillon et Vincent Peillon qui ont exprimé un soutien sans équivoque au droit à la caricature, la plupart des responsables de droite et de gauche se sont livrés à un numéro alambiqué consistant à défendre la liberté d’expression tout en condamnant l’offense faite aux croyants. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a « désapprouvé » l’initiative du journal, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s’est déclaré contre « toute provocation », le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé s’est alarmé des « conséquences terribles », le leader du NPA Olivier Besancenot a jugé la publication « pas appropriée ». Certains commentaires ont été plus tranchés : le responsable de la CFDT François Chérèque a lancé, sur l’antenne d’Europe 1, un vindicatif « Foutez-nous la paix ! » à l’intention de Charlie Hebdo, l’ancien leader de Mai 68 Daniel Cohn-Bendit a qualifié les dirigeants du journal de « cons » et de « masos ». [...]

Comme en 2006, cette nouvelle « affaire Charlie Hebdo » démontre l’incapacité de la classe politique à choisir entre la défense pleine et entière de la liberté d’expression au sein de la République et la crainte des débordements liés à des atteintes à la religion. La gauche, pourtant historiquement anticléricale, est désormais terrorisée à l’idée de heurter les Français de confession musulmane, qu’elle considère comme un segment de son électorat, ou de tenir le moindre propos qui pourrait être interprété comme une forme de xénophobie. La droite craint, elle, soit de froisser les catholiques pratiquants qui ne goûtent guère les insultes au sacré, quel que soit le culte, soit d’être une nouvelle fois accusée d’islamophobie. Et, surtout, les uns comme les autres redoutent d’être pris pour cibles par diverses associations, dès lors qu’elles sont susceptibles de se faire entendre médiatiquement.

Pour éviter toute imputation, même mensongère, de stigmatisation d’une population, les responsables politiques préfèrent adopter une posture reniant en partie des valeurs dans lesquelles ils aiment se draper à d’autres occasions."

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