Culture / cinéma

Ceux qui travaillent ou ceux qui ne sont rien : pas si simple (G. Durand)

par Gérard Durand. 11 novembre 2019

[Les échos "Culture (Lire, entendre & voir)" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Ceux qui travaillent, d’Antoine Russbach (1 h 42 min), avec Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Louka Minnella, sorti le 25 septembre 2019.

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Franck occupe depuis longtemps un haut poste dans une entreprise de courtage maritime. C’est un métier qui ne plaisante pas, suivre les cargaisons, les bateaux, est une affaire complexe, soigneusement planifiée et le moindre retard, le plus petit pépin, peut vous faire perdre des centaines de milliers d’Euros.

Franck fait partie des meilleurs, il consacre toute sa vie à son travail, part tôt et quand il rentre, toujours tard, c’est souvent pour repartir régler un problème à l’autre bout des mers.

Sa femme, il la croise, ses enfants il les connait mal et ne s’en soucie pas vraiment et pourtant il en a cinq avec des personnalités très diverses, pour lui ils n’ont pas de problèmes à condition de vouloir travailler. Sa morale est simple il y a ceux qui travaillent et les autres, ceux qui ne sont rien.

Les problèmes existent aussi pour ceux qui travaillent et Franck un jour commet une erreur à propos d’un cargo qu’il doit ou non dérouter, s’il le fait il perd une cargaison de produits périssables et sa boite perd des millions, s’il ne le fait pas, il commet une faute morale.

Les sommes en jeu sont considérables et après avoir hésité une partie de la nuit il ordonne au capitaine de poursuivre sa route après s’être débarrassé du problème, il n’a pas oublié d’acheter, cher, le silence de tous.
Mais le monde du courtage maritime est tout petit, l’itinéraire des bateaux traçable, les cartes marines parlent et Franck est licencié sans ménagement particulier.

Son premier réflexe est de dissimuler sa nouvelle situation à sa famille, il ne change rien a ses habitudes et meuble ses journées comme il le peut mais la situation est vite intenable et la dernière barrière de silence se brise rapidement.
C’est en se retrouvant chez lui qu’il redécouvre sa famille et s’aperçoit que sa femme et ses enfants vivent très bien sans lui dans le confort matériel que ses hauts revenus leur ont assuré. Ses deux fils ; deux petits cons friqués et le plus jeune lui annonce clairement le couleur « sur le plan fric t’as intérêt à assurer car si on a accepté de vivre sans père, on n’acceptera pas de voir baisser notre train de vie » du côté filles ce n’est pas brillant, si la plus jeune l’accompagne partout les deux autres l’ignorent complètement. Et puis il y a sa femme qui inévitablement va apprendre les vraies raisons de son licenciement et le chasse de son lit.

C’est au hasard d’une rencontre avec un ancien collègue dans un supermarché que Franck apprendra que le vrai motif de son licenciement, avec son ancienneté il était devenu trop cher, l’erreur commise n’était que le prétexte inespéré. Ainsi va le capitalisme !

L’histoire se termine au moment ou Franck accepte un nouveau poste très très bien payé mais à très haut risque. Au spectateur d’imaginer la suite. Le film se déroule sur un rythme vif avec quelques passages un peu brouillon, mais l’interprétation d’Olivier Gourmet est magistrale.

A voir sans hésiter.

Gérard Durand


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