Revue de presse

"Caroline Fourest, l’irréductible républicaine" (Le Point, 12 août 21)

Caroline Fourest est journaliste, essayiste, auteur de "Génération Offensée" (Grasset), Prix de la Laïcité 2005. 14 août 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"PORTRAIT. Alors qu’une partie de la gauche s’égare, la journaliste s’attache à défendre l’universalisme républicain. Une ligne qui séduit autant qu’elle agace.

Par Clément Pétreault

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Être détesté par l’extrême droite autant que par l’extrême gauche, n’est-ce pas finalement le dernier privilège des modérés ? Peut-être est-il temps de changer d’avis sur Caroline Fourest, cette militante devenue essayiste et qui, avec les années, s’est transformée en vigie de la déraison politique qui nous assiège, unanimement détestée par les radicaux de tout poil. Il faut l’écouter et la lire pour mesurer le danger des mots qui changent de sens à toute vitesse : des « antiracistes » adoptent des argumentaires racistes, des « féministes » défendent le patriarcat et des « antifas » militent contre la liberté d’expression. Ceux qui prenaient Caroline Fourest pour une âme dogmatique et intransigeante découvriront à son contact une intellectuelle complexe, nuancée et sans animosité à l’égard d’un milieu militant qui adore pourtant la détester. Caroline Fourest n’aime pas qu’on le lui rappelle, mais elle a changé. « Elle s’est longtemps fait taper dessus à cause de ses positions trop tranchées. Elle s’est clairement arrondie ces dernières années », explique son ami Philippe Val, qui fut son directeur à Charlie Hebdo et à France Inter.

Si elle reconnaît s’être un peu assouplie avec le temps, cette « emmerdeuse républicaine », comme la qualifie l’un de ses proches, n’a pas renoncé à ses premiers combats - le féminisme et les droits des homosexuels -, combats menés au nom d’un universalisme aujourd’hui malmené. Sans se départir d’un mélange d’austérité et d’ironie, elle admoneste avec un rare souci d’équité extrême droite, extrême gauche, catholiques intégristes et musulmans intégristes. La raison pour elle en est simple, presque triviale : les extrêmes s’opposent sur le plan politique, mais ce qui les rassemble est souvent plus fort que ce qui les divise. Ils partagent des obsessions identitaires, un rapport ambigu à la réalité et à la violence, un mépris souverain pour ceux qui n’ont pas d’avis tranché, le tout enrobé dans des discours largement affranchis des principes démocratiques qui leur permettent pourtant de se faire une place au soleil. « On se retrouve dans une situation paradoxale où des groupes intolérants profitent de la tolérance pour faire reculer la liberté d’expression », résume-t-elle.

Sismographe. Cet universalisme qu’elle défend depuis des années progresse et les ventes de ses livres s’envolent. Plus de 35 000 exemplaires pour son Génération offensée (Grasset), paru une semaine avant la crise du Covid-19, en 2020. L’ouvrage se hisse parmi les meilleures ventes en Allemagne et elle est régulièrement sollicitée par des militants du monde entier, qui voient dans les travaux de la jeune Française une lueur d’espoir contre la cancel culture et le racialisme d’un humanisme à la dérive. Devenue sismographe de l’époque, elle s’est déjà par le passé révélée capable de prévoir les grands séismes à venir : en 2004, elle alertait sur l e double discours de Tariq Ramadan et interpellait les responsables de gauche qui tenaient encore des meetings aux côtés du prédicateur. En 2010, elle signait un ouvrage sur la défaite de l’universalisme où elle s’inquiétait de la menace que pouvait faire planer sur le commun le discours sur le respect des minorités… Les faits lui ont, hélas, donné raison. « Pendant des années, la gauche s’est tue sur les sujets de laïcité pendant que l’extrême droite s’emparait du sujet. Aujourd’hui, l’extrême gauche essaie de renvoyer toute personne qui parle de laïcité à Mme Le Pen. Caroline ne s’est jamais laissé intimider », salue Élisabeth Badinter. Dans un monde woke, la bataille ne fait que commencer."

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