Tribune libre

Campagne du ministère de l’Education pour la laïcité : un faux procès (I. Barbéris)

par Isabelle Barbéris, maître de conférences en arts du spectacle à l’université Paris Diderot. 11 septembre 2021

[Les tribunes libres sont sélectionnées à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

(Ce texte est la reprise d’un fil publié sur Twitter le 6 septembre 2021.)

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Je prends connaissance des controverses, selon moi contreproductives et inaudibles, autour de la dernière campagne sur la laïcité du ministère de l’Education nationale.

La plupart du temps, le rappel d’une laïcité non dévoyée, non relativisée, passe par le renvoi au cadre normatif et aux présupposés métaphysiques de la notion : universalisme lié à la liberté, esprit critique, antidogmatisme. Ceci me paraît on ne peut plus fondé, mais abstrait et complexe. Une telle approche, louable, nécessaire mais abstraite ne répond pas forcément à toutes les critiques antilaïques, notamment celles qui portent sur l’abstraction d’une notion qui formaterait les individus.

Cette campagne prend le parti inverse, et cela, en faisant le choix d’une approche empirique, à partir de mises en situation : l’esprit de la laïcité trouve une traduction très concrète dans des saynètes scolaires du quotidien. Ces saynètes ne présentent pas la laïcité de manière "coexistentialiste", mais mutualiste. La laïcité permet le partage, la vie en commun et non côte-à-côte. Les saynètes ont été travaillées en ce sens, pour illustrer le rôle intégrateur de ce principe.

J’ai aussi lu des critiques en ethnodifférencialisme (parfois comiques vu leur provenance) qui me semblent infondées : parce qu’elles font le choix d’une approche empirique, les saynètes se devaient de représenter toutes les diversités, y compris "visibles" - sauf à nier la fonction d’intégration de la laïcité.

Les saynètes ménagent un jeu d’interprétation souple, discret, intercatégoriel. L’aspect visible de la diversité reste présent mais il n’est pas exhibé, ce qui conforte l’esprit de discrétion de la laïcité.

À tous égards, cette campagne me semble poser correctement, et de manière vivante, les enjeux, avec un certain parti pris empirique, sans nier les fondamentaux présents en arrière-plan.

Isabelle Barbéris



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