“Accouchement tragique : le mari est fondamentaliste” (Le Figaro, 12 juin 08)

16 juin 2008

"Ce Marocain, qui s’est interposé lors de la naissance de son enfant, conteste la version de la justice.

La décision, rendue mardi par la cour d’appel de Lyon, a illustré le débat sur les exigences dont certains musulmans pouvaient faire preuve dans la vie quotidienne. Les magistrats ont fermement condamné l’attitude d’un Marocain qui, s’opposant à l’intervention de médecins lors de l’accouchement de sa femme en 1998, avait perturbé le déroulement de la naissance.

L’enfant, aujourd’hui âgé de dix ans, est gravement handicapé. Réalisé en 2001, le rapport de l’expert est accablant : il qualifie le mari de « musulman intégriste » et assure que son « attitude sexiste a indiscutablement constitué une entrave au bon déroulement de la surveillance du travail et de l’accouchement ».

Le Figaro a joint cet homme, [...], au Maroc. C’est un intérimaire, qui vit en France depuis vingt ans, se dit musulman pratiquant, mais réfute le terme d’« extrémiste ». Barbu, portant petit bonnet et djellaba « marocaine », il appartient pourtant à un mouvement piétiste d’origine indienne, les tablighs dont les adeptes s’habillent comme le prophète en son temps et mènent une vie de prêche, très communautaire. Certains de leurs disciples ont été au cœur de dossiers terroristes mais le mouvement se revendique pacifiste. Il est représenté au Conseil français du culte musulman.

« Nous ne sommes pas des terroristes », affirme Radouane Ijjou. Qui assure : « Je n’ai jamais empêché des médecins hommes de s’occuper de ma femme. » Selon lui, ce jour de novembre 1998, l’enfant se présente mal et la sage-femme fait appel à l’interne, qui, à son tour, alerte le chef de service. « Ils voulaient utiliser des forceps, mais c’est mauvais. J’ai demandé la césarienne, mais ils disaient que c’était trop tard. »

Devant la porte, il aurait argumenté et réclamé l’intervention de la gynécologue qui suivait sa femme pendant la grossesse.

Karima, 50 ans, également tabligh et voilée, reprend, dans un français hésitant, la version de son mari : « L’islam autorise les hommes, quand c’est pour la santé ». Elle raconte comment des médecins de sexe masculin se sont occupés de faire naître ses six enfants, les trois derniers conçus avec Radouane.

Depuis cette tragique confrontation, en 1998, les services obstétrique dans les hôpitaux ont décidé « d’évacuer les maris intégristes manu militari, en cas d’urgence ». Depuis 2006, en vertu de la charte des droits et devoirs du patient, ce dernier peut choisir son praticien, tant qu’il ne bouleverse pas l’organisation du service. Beaucoup de musulmanes prennent rendez-vous avec des femmes, pour les consultations mais acceptent, en cas d’urgence, l’intervention d’un homme."

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