Revue de presse

A. Finkielkraut : "Qu’est-ce que la théorie du genre ?" (L’esprit de l’escalier, RCJ, 2 juin 13, Causeur, juil.-août 13)

13 août 2013

"Élisabeth Lévy. La loi d’orientation scolaire est actuellement en discussion à l’Assemblée. D’ores et déjà, le groupe socialiste y a glissé un amendement introduisant dans les missions de l’École une éducation à la théorie du genre. Au même moment, un syndicat d’enseignants propose à ses adhérents des outils pédagogiques pour lutter contre la transphobie, tels que fameux livre Papa porte une robe. Commençons par une définition : qu’est-ce que la théorie du genre ?

Alain Finkielkraut. Comme le rappelle Robert Legros dans son livre L’Avènement de la démocratie, un fait a été mis en lumière par les sciences de l’homme : il n’est aucune société humaine qui n’appartienne à une culture. Nous voyons le monde avec nos yeux, mais nos yeux sont déjà imprégnés d’une manière particulière de sentir et de comprendre. La théorie du genre radicalise cette proposition. Elle dégage les catégories d’homme et de femme de toute vision naturaliste. Le sexe, dit-elle, est un genre historiquement et culturellement construit.

Aux révolutionnaires qui croyaient pouvoir faire table rase du passé, le romantisme avait déjà rappelé l’irréductible enracinement de l’homme dans l’Histoire. Mais les romantiques en déduisaient que cette Histoire devait être respectée. La postmodernité tire la conclusion inverse : puisque rien n’est naturel, tout peut être remodelé. Ainsi se met en marche, avec la théorie du genre, un mouvement de transformation de notre démocratie en maison de redressement des vivants et des morts. Pour briser les stéréotypes, on fera bientôt en sorte que les petites filles jouent au ballon et l’on donnera des poupées aux garçons. Il faudra aussi corriger l’ « hétérocentrisme » de notre patrimoine littéraire. Sous prétexte d’affranchir l’humanité des préjugés qui l’accablent, la théorie du genre se donne pour mandat de façonner un homme ou, plus exactement, un être humain nouveau. Je hais les grands mots, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que cette ambition constructiviste a quelque chose de totalitaire. Il y a d’autres moyens de lutter contre la bêtise et la méchanceté homophobes."

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