Revue de presse

"Une réunion publique sur la laïcité censurée à la mairie de Saint-Denis" (marianne.net , 30 mai 15)

31 mai 2015

"Mercredi, Guylain Chevrier, historien et ancien membre de la mission laïcité au Haut Conseil à l’intégration était invité par l’Observatoire de la laïcité de Saint-Denis à animer une conférence publique dans la salle du conseil municipal. Hélas, il a été empêché de s’exprimer par des membres du Collectif dionysien contre le FN et l’extrême droite...

Il y a des mots qu’on ne peut pas dire à Saint-Denis. Comme ceux-ci : « La laïcité, c’est l’affirmation que ce qui nous fait égaux, la loi, la politique, la démocratie, la Nation, la République, sont au-dessus de ce qui nous différencie, les religions, les origines diverses, les cultures régionales, sans pour autant les mépriser, bien au contraire. » Ou encore ceux-ci : « La dimension sociale de la République est étroitement liée au principe de laïcité, c’est-à-dire à l’égalité d’accès aux mêmes droits, particulièrement les droits sociaux et de traitement des personnes indépendamment de l’origine, la couleur, la religion. » Ces mots-là, l’historien Guylain Chevrier, ancien membre de la mission laïcité au Haut Conseil à l’intégration, n’a pas pu les prononcer mercredi soir. Invité par l’Observatoire de la laïcité de Saint-Denis à animer une conférence publique dans la salle du conseil municipal de la ville, cet intervenant régulier dans les médias (Europe 1, iTélé, ou encore Marianne) s’est vu dénier le droit de parler devant cinquante personnes dans une enceinte de la République.

Avant même qu’il ne débute son intervention, un groupe d’individus l’a violemment pris à partie (voir vidéo ci-dessous). « Une dizaine de types ont commencé à me traiter de négationniste, de facho, raconte Guylain Chevrier à Marianne. L’un d’eux a même écrasé un œuf sur le texte que j’avais préparé. “Venez dehors, on va vous taper !”, beuglaient-ils. Quelques élus de la municipalité sont venus voir ce qu’il se passait et devant le tumulte, ils ont décidé de tout annuler. »

Le tort de Guylain Chevrier, aux yeux de ses censeurs en blouson noir ? Avoir été l’un des piliers de Riposte laïque, un journal en ligne qu’il a quitté le 4 juin 2010 quand celui-ci commença à verser dans une complaisance évidente avec l’extrême droite. Un départ sur lequel il s’est longuement expliqué à l’époque. Qu’importe : pour le Collectif dionysien contre le FN et l’extrême droite, la parole de Guylain Chevrier, militant de gauche passé par le PCF et la CGT, est définitivement nulle et non avenue. Dans l’après-midi, l’animateur de ce collectif, Jean Brafman, lui même membre du Front de gauche, avait envoyé un mail (voir ci-dessous) à ses contacts pour les alerter sur la présence de Guylain Chevrier à cette réunion. « Que faisons-nous : laisser faire, s’y rendre en portant la contradiction, empêcher l’initiative, faire annuler ? », s’interrogeait-il gravement. La petite troupe dépêchée spécialement sur place a répondu d’elle-même.

Contacté par Marianne, Antoine Bussy, le directeur de cabinet du maire communiste de Saint-Denis, s’est refusé à condamner cette censure sauvage : « Nous regrettons que l’échange n’ait pas eu lieu. C’est triste, mais on n’allait pas non plus appeler le GIGN... La mairie a mis à disposition cette salle, sans savoir qui serait l’intervenant. Ce n’est pas quelqu’un qu’on aurait invité nous-mêmes. On a pêché par excès de confiance. Par ailleurs, le format “conférence” n’est sans doute pas le plus adapté au progrès démocratique. Il aurait mieux valu un débat, pour avoir des positions nuancées... »
Dans la conclusion de son texte mis en ligne, faute de mieux, par l’Observatoire de la laïcité de Saint-Denis, Guylain Chevrier explique : « Céder à la division du communautarisme, ce serait diviser les forces sociales qui ont permis la conquête de nos acquis sociaux et les livrer aux forces qui sont en embuscade pour les remettre en cause. Ce serait aussi donner des arguments en faveur du hold-up que le FN fait sur la laïcité, qu’il utilise pour désigner l’étranger et le musulman comme responsable de tous les maux. » Une position pas assez « nuancée » pour Didier Paillard, le maire de Saint-Denis ? [...]"

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