Revue de presse

Sciences Po : "L’idée est de mettre une femme pour placer ensuite un homme à la direction" (lefigaro.fr , 7 av. 21)

8 avril 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"« Parodie de démocratie », « magouille » : profs et anciens élèves craignent que les ultimes tentatives d’une génération pour garder la main sur la désignation du successeur d’Olivier Duhamel nuisent à l’école.

Par Caroline Beyer

[...] En réalité, l’instance réunit pour moitié des « fondateurs » - ces personnalités clés de la fondation, venues du monde politique et des affaires, comme Laurence Parisot ou Michel Pébereau- et des mandarins de la faculté permanente de Sciences Po. Un petit monde qui organise une « parodie de démocratie », estiment beaucoup de gens en interne. Chercheuse en sciences politiques, Nonna Mayer, 73 ans, a fait parler d’elle il y a un mois, par le biais de l’Observatoire du décolonialisme, qui a souligné ses nombreux travaux de recherche sur l’islamophobie et les « concepts de genre et de race en sociologie ». « Une petite polémique qui n’a joué en rien dans son désaveu, les fondateurs ayant avant cela un tout autre plan, explique un proche du dossier. Mais il faut bien un lièvre, un punching-ball. »

Quant aux deux autres candidats, le comité de recherche n’a même pas été appelé à se prononcer sur leur candidature. Car les critères sont très précis. Il faut avant tout être une femme. Romain Rancière, économiste à l’université de Californie du Sud, s’est vu reproché, en outre, sa jeunesse (50 ans !) et le fait de venir de l’extérieur. Le politologue Pascal Perrineau, lui, est trop marqué à droite dans une institution que l’on souhaite garder à gauche.

Le 6 avril, une nouvelle candidate est donc sortie du chapeau. Historienne de l’art, Laurence Bertrand-Dorléac, 64 ans, ne relève pas des grandes disciplines de Sciences Po, mais elle est politiquement et culturellement proche de Louis Schweitzer. Le hic ? Elle faisait partie du comité de recherche, celui-là même qui a écarté toutes les candidatures et dont elle vient de démissionner.

Conflit d’intérêts ? « Toujours de la magouille », lâche un ancien prof à Sciences Po. Pascal Perrineau et Romain Rancière ont maintenu leur candidature. Mais Louis Schweitzer, par la voie d’un communiqué publié dans la soirée du 6 avril à l’issue d’une réunion du comité de recherche, leur a signifié que, « par un vote unanime », il avait été décidé de les écarter. Et pour donner un peu de crédibilité à la nouvelle réunion du comité de recherche, qui se tiendra le 9 avril pour procéder à un vote indicatif, un autre candidat sera sur les rangs. Il s’agit de Bertrand Badie, professeur de relations internationales. Deux candidats restent donc dans cette surprenante course.

« Mais l’idée est de mettre une femme, pour placer ensuite un homme à la direction, affirme un professeur. Les femmes auront servi de caution. C’est d’une tristesse ! La maison mérite mieux. » Un avis largement partagé. Nicolas Metzger, qui fut président du conseil de Sciences Po, et dénonce depuis l’affaire Duhamel l’opacité du mode de gouvernance, vient d’adresser une pétition à la communauté Sciences Po pour demander la démission du « comité Schweitzer » et débrancher le collège des fondateurs. Il a recueilli plus de 500 signatures.

À la direction de Sciences Po Alumni (90.000 anciens dans le monde, dont 8000 cotisants), on commence à s’inquiéter de la baisse des adhésions : 25 à 30% par mois depuis janvier. « Les gens ne renouvellent pas leur carte. Ils en ont marre d’entendre parler de Sciences Po uniquement dans les faits divers », explique-t-on. L’affaire Duhamel, Sciences Porc, l’histoire de l’IEP de Grenoble… Ça commence à faire beaucoup. » Il se dit aussi que deux donateurs importants - 300.000 à 400.000 euros par an — menaceraient de se retirer. De grands donateurs qui contribuent, entre autres, au financement du nouveau campus parisien de l’école, sur le site de l’Artillerie."

Lire "Sciences Po s’enlise dans la crise de succession".


Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Sciences Po Paris : direction, organisation dans Sciences Po Paris dans Enseignement supérieur (note du CLR).


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