Revue de presse

Riss : « L’islamophobie est un terme qui ne veut rien dire » (revuedesdeuxmondes.fr , 14 oct. 22)

Riss, directeur de "Charlie Hebdo". 22 octobre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Certains de nos collaborateurs se déplacent dans les collèges et les lycées. Ils notent le rapport très docile qu’entretiennent les élèves avec la religion. Les jeunes manquent d’esprit critique. Ils ont grandi dans une société laïque, libre, non religieuse. Ils pensent défendre une grande liberté en défendant la religion et n’ont pas conscience que celle-ci peut, un jour, se retourner contre eux. C’est étonnant de les voir respectueux de l’autorité religieuse et beaucoup moins de l’autorité policière. Ils ne respectent que la police de Dieu. [...]

L’islamophobie est un terme qui ne veut rien dire. On ne parle pas de cathophobie ou de christianophobie parce qu’on critique le petit Jésus. Émettre des critiques sur une religion devrait être banal. [...]

[Au procès des attentats du 13 novembre 2015] Comme pour le procès de Charlie, j’ai trouvé qu’on n’avait pas trop parlé d’islamisme. Trois spécialistes sont venus [Bernard Rougier, Gilles Kepel et Hugo Micheron ndlr] et se sont fait étrier par les avocats de la défense, comme si cela n’avait rien à voir avec leurs clients.

Revue des Deux Mondes : « La justice est là pour juger des hommes et non des idées », avançaient-ils…

Riss : Dans un procès d’assises, on étudie les mobiles des accusés. Or ici, on n’a pas osé alors que c’était le cœur du problème. Il ne s’agit pas simplement de regarder des films horribles de vidéosurveillance et de faire des relevés balistiques. Les crimes perpétrés avaient une envergure politique, mais les magistrats ne voulaient pas être les magistrats d’un procès de l’islam politique. Ils ne savaient pas trop comment porter un jugement sur la dérive d’un type qui s’est converti. Alors ils sont restés sur des faits purement pénaux.

Revue des Deux Mondes : Donc on est resté à la surface des choses…

Riss : On est resté sur les faits : qui a fait quoi ? Qui a fourni les armes ? On était un peu dans une enquête du commissaire Maigret. C’est comme pour le procès des attentats de janvier 2015, la question de l’antisémitisme n’a pas été bien traitée. Amedy Coulibaly voulait probablement tuer les enfants de l’école juive de Montrouge, il attendait l’ouverture de l’établissement. Je pense qu’il voulait faire la même chose que Mohammed Merah à Toulouse. La dimension politique a heureusement été abordée par Richard Malka dans sa plaidoirie, mais dans l’ensemble, on avait tout de même l’impression d’être dans un procès d’assises classique pour juger des petites frappes. [...]

Beaucoup ignorent des choses évidentes pour nous. Sept ans après les attentats de Charlie, des faits ne sont pas encore bien connus. Il faut tout le temps réexpliquer pour lutter contre l’oubli. J’ai parfois peur d’ennuyer mais ce n’est apparemment pas le cas. Charlie, les attentats appartiennent désormais à l’histoire de France, mais les Français ne connaissent pas leur histoire. Beaucoup d’ouvrages ont été écrits sur l’islamisme, le djihadisme… Il faut les lire, tout y est expliqué. Les Français sont dans la commémoration de la souffrance, ils ne font malheureusement pas toujours l’effort de comprendre. Nous essayons d’éveiller les curiosités sur ces questions politiques pour éviter de rester simplement dans l’émotion de janvier et de novembre 2015. [...]"

Lire "Riss : « Dans 150 ans, il y aura toujours des dessins de presse »".


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