Revue de presse

R. Redeker : « Les Français se livrent aux idoles et méprisent les héros » (lefigaro.fr/vox , 15 oct. 18)

Robert Redeker, professeur agrégé de philosophie. 18 octobre 2018

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Des parents d’élèves et des élus de gauche se sont dressés pour empêcher qu’un lycée, à Carquefou, portât le nom d’une très grande figure de la Résistance, Honoré d’Estienne d’Orves. En l’occurrence, la tentative de censure - un peu comme Staline effaçant des photos les alliés et compagnons passés de saison - était idéologique : cette gauche reprochait à ce héros ses penchants monarchistes. Ces incultes eussent préféré, selon leur aveu, que cet établissement s’appelât lycée Hubert Reeves, ou bien lycée Michel Serres - noms tout à fait estimables, convenons-en. A Marseille, les élus de gauche viennent de refuser qu’une place devienne Place Arnaud Beltrame, au motif que ce nom risquerait de choquer une partie de la population. Manifestement, la France d’aujourd’hui, surtout celle de gauche, a du mal avec ses héros. Un constat s’impose : cette France se livre sans pudeur aux idoles - des chanteurs, des sportifs, des animateurs télé - et fuit les héros, qui ont donné leur vie pour elle. [...]

C’est que les héros sont encombrants. Ils sont même exigeants. Leur principal défaut : du haut de leur stature, ils nous jaugent et nous jugent. Pire encore, aux yeux de nos contemporains : leur grandeur demande de la fidélité. Le héros procède exactement de la même façon que la culture : le passé juge le présent. Le héros est notre juge, son regard nous renvoie à notre inanité, et cela notre époque ne le supporte pas. Le héros affirme que le passé est plus grand que le présent.

Les héros sont encombrants parce qu’ils sont vertueux. Ils font passer la vertu avant la jouissance. Les idoles, elles, à la semblance des dieux païens grecs ou romains - ce que Platon leur reprochait - s’adonnent aux vices liés à la soumission aux désirs, désinhibant par ces exemples les dérèglements de la foule. Toutes les idoles sont esclaves, toutes propagent l’exemple de l’esclavage. A l’inverse de ces idoles, les héros ne poursuivent ni la gloire ni l’argent - ils se sacrifient. Ils ne mettent pas, comme ces idoles, en avant le moi, mais l’instance à laquelle ils vouent leur vie jusqu’à la donner, la nation, la patrie, la France. Un héros est en rupture avec l’idéologie dominante du moi-je, de l’hédonisme généralisé, de l’épanouissement personnel. À l’inverse des idoles, les héros se déploient dans la liberté, qui est tout le contraire de la facilité et de la passivité que favorisent les idoles. Bref, les héros forment l’école aujourd’hui interdite, souvent haïe : l’école de la liberté. [...]"

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