Revue de presse

"Quand Jean Daniel (Le Nouvel observateur) s’inquiétait du changement de visage de la France" (B. Levet, Le Figaro, 28 déc. 21)

Bérénice Levet, docteur et professeur de philosophie. 31 décembre 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Jean Daniel, Réconcilier la France. Une histoire vécue de la Nation, éd. L’Observatoire, nov. 2021, 592 p.

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"[...] Il voit une France qui se communautarise, s’islamise, se décompose -– « Il y a en ce moment, en Occident, prévient-il, une islamisation de la vie quotidienne dont l’expansion est inquiétante ». Une France gagnée, grignotée par un modèle non seulement étranger mais contraire au génie français – génie au sens d’esprit : le modèle communautaire importé des pays anglo-saxons. [...]

Il voit une gauche flagornant la jeunesse issue de l’immigration, l’incarcérant dans ses dites origines, et se spécialisant dans la fabrique de victimes, dessinant, avec complaisance et délectation, une France xénophobe, raciste, esclavagiste, coloniale, farouchement inamicale, hostile même, aux différences. Une gauche se plaisant à « remuer chez la jeune génération issue de l’immigration, et contre la France, des souvenirs reconstruits de l’esclavagisme et du colonialisme ». Et Jean Daniel de remettre les pendules à l’heure : « Le drame de la jeunesse issue de l’immigration n’est pas le passé esclavagiste et colonial que la France se refuserait à regarder en face », selon une antienne qui l’impatiente, comprenant que la France n’en sera quitte, aux yeux de ces procureurs acharnés de la France, que lorsqu’elle ne regardera plus que ses fautes, ses pages sombres, et n’aura plus d’yeux pour ses nobles accomplissements. Le drame de cette jeunesse maghrébine ou africaine est dans « l’échec de la lutte émancipatrice de leur pays d’origine », et, point absolument capital, dans la valorisation et l’exaltation des différences qui, sous couvert de générosité, n’est rien d’autre qu’un « abandon », selon le mot si profond de Jean Daniel. Et tout cela sur fond de renoncement à une politique d’intégration digne de ce nom. [...]

« Je ne pardonnerai jamais à la gauche, ma famille, [de ne s’être] pas inquiété de ce que devenait le visage même de la France », écrit Jean Daniel, ce visage étant celui du communautarisme et de l’islamisation. [...]

L’on songe aussi à Merleau-Ponty distinguant entre deux formes d’humanisme : le premier, et le seul authentique, « affronte comme un problème le rapport de l’homme avec l’homme et la constitution entre eux d’une situation et d’une histoire qui leur soient communes », le second, faux humanisme, humanisme frelaté, « ne trouve aucune difficulté de principe dans les rapports de l’homme avec les autres hommes ». L’humaniste digne de ce nom sait que l’altérité est une épreuve et que cimenter un peuple n’a rien qui va de soi. L’humanisme de Jean Daniel relève incontestablement du premier, lui qui n’eut de cesse de dénoncer un « angélisme » qui, singulièrement dans les questions d’immigration et de confrontation de l’Occident avec l’islam, « mêle la mauvaise foi à l’irresponsabilité », ou s’agaçant de ces vaines réunions politiques « où [en] revenait toujours à la même logomachie humanitariste ». [...]

Qu’on me permette de rappeler deux anecdotes, significatives de ces dispositions d’esprit. La première, l’échange, savoureux, de Jean Daniel avec Claire Brétécher alors qu’il invitait la dessinatrice à se joindre au Nouvel Observateur. Intriguée, et quelque peu sur la défensive, l’auteur à venir de la série des Frustrés objecte : « Je ne vois pas ce que je peux faire ici », et Jean Daniel de répliquer : « - Vous moquer de nous », nous, les intellectuels de gauche, « nos tics, nos réflexes, nos secrets accommodements avec le ciel des idéologies ». Pari conclu et promesse tenue, et Jean Daniel bientôt de s’en féliciter : « Grâce à Claire, il est désormais impossible de se prendre au sérieux au Nouvel Obs ». [...]"

Lire "Quand Jean Daniel, l’ancien directeur du Nouvel Observateur, s’inquiétait du changement de visage de la France".

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