Revue de presse

"Prison ferme pour des Femen en Tunisie" (AFP, liberation.fr , 12 juin 13)

14 juin 2013

"Trois militantes européennes du groupe Femen ont été condamnées mercredi en Tunisie à quatre mois de prison pour une action seins nus, un jugement portant atteinte à la liberté d’expression dans ce pays dirigé par des islamistes, selon leurs partisans.

Les deux Françaises et l’Allemande, emprisonnées depuis le 29 mai, devront purger une peine de « quatre mois et un jour de prison ferme pour atteinte aux bonnes moeurs et à la pudeur », a déclaré à l’AFP un de leurs avocats, Souhaib Bahri. Le juge a cependant refusé la demande de constitution de partie civile de 14 associations islamiques.

Pour Inna Shevchenko, la dirigeante de Femen, cette lourde peine va mener à de nouvelles actions à Tunis et prouve le caractère « dictatorial » de la Tunisie, qui dans la foulée de la révolution de 2011, a porté les islamistes du parti Ennahda au pouvoir. « C’est une décision politique qui confirme le caractère dictatorial de la Tunisie pour qui il est plus simple de mettre des filles en prison que de reconnaître que les femmes ont le droit de disposer librement de leur corps », a-t-elle dit à l’AFP au téléphone depuis Paris. « Nous sommes très en colère après ce verdict très dur et nous allons poursuivre nos actions en Tunisie, nous les préparons déjà, nous allons les élargir, les multiplier. On ne va pas s’arrêter », a-t-elle martelé.

« Nous voulons félicier Angela Merkel et François Hollande pour leur grand triomphe diplomatique. Allez rencontrer les dictateurs, serrez leurs mains, embrassez leurs bouches, donnez leur de l’argent. Par cette décision le pouvoir tunisien montre sa violence et prouve au monde entier qu’il se fout des conventions de démocratie internationales. Si ils sont assez impudents pour condamner des activistes européens, on peut s’attendre à ce que Amina, en tant que citoyenne tunisienne, encoure la lapidation », a t-elle lancé à Libération.

Les islamistes au pouvoir en Tunisie sont régulièrement accusés de vouloir s’en prendre aux acquis des femmes tunisiennes qui, sans bénéficier de l’égalité des sexes, disposent des droits les plus larges dans le monde arabe. Les avocats français des Femen, Patrick Klugman et Yvan Terel, ont de leur côté exprimé leur « consternation » et dénoncé une atteinte à la liberté d’expression, en précisant que leurs clientes feraient appel. « C’est une condamnation extrêmement lourde. C’est une atteinte grave à la liberté d’expression, pas seulement pour ces filles, mais pour la liberté d’expression en général », ont-ils dit à l’AFP.

Dans la matinée, ils avaient prévenu qu’en cas de maintien en détention de leurs clientes, leur objectif serait de renforcer « la mobilisation internationale (en faveur des Femen) surtout dans la perspective de la venue de François Hollande », le président français dont une visite à Tunis se préparerait pour début juillet. Les trois militantes de Femen avaient été arrêtées lors d’une manifestation seins nus à Tunis en soutien à une camarade tunisienne emprisonnée, Amina Sboui.
« Manifestation politique »

Lors du procès mercredi matin, elles n’ont exprimé aucun remord pour leur action, la première de ce type dans le monde arabe. « Je suis venue le 28 mai pour faire une manifestation politique et soutenir Amina », a expliqué Josephine Markmann, la militante allemande. Interrogée par le juge sur ses intentions de récidive, elle a rétorqué selon une traduction en arabe : « Je me réjouis de chaque opportunité pour exprimer mes positions politiques ». « Dévoiler nos seins n’est pas pour créer une excitation sexuelle, il s’agit d’une forme de militantisme », a déclaré l’une des Françaises, Marguerite Stern. Les avocats des associations islamiques ont pour leur part attaqué les jeunes militantes : « C’est l’islam qui honore la femme et lui offre sa liberté et non le fait de se dévêtir », a lancé Me Slah Khlifi. Un autre avocat a cité un proverbe arabe : « Une femme libre préfère être affamée que de manger grâce à ses seins ».

La militante Femen tunisienne Amina Sboui, que les Européennes étaient venues défendre, est en détention depuis le 19 mai. Arrêtée pour avoir peint « FEMEN » sur le muret d’un cimetière musulman pour protester contre un rassemblement salafiste à Kairouan (centre), elle risque deux ans de prison pour profanation de sépulture et six mois pour d’atteinte aux bonnes moeurs. Ces peines peuvent être considérablement alourdies si Amina est reconnue coupable d’avoir agi en bande organisée.

Femen a organisé mercredi plusieurs actions seins nus de soutien à ses militantes, notamment devant le Parlement européen à Bruxelles et les ambassades de Tunisie en Suède et en Espagne."

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