Revue de presse

"Politique olfactive" (S. Piquet, Marianne, 25 juin 21)

"Prenons-les au mot" 7 juillet 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Le lea­der de La France in­sou­mise a pris la pa­role […] pour dé­non­cer la pu­bli­ca­tion […], par un you­tu­beur à suc­cès, d’une vi­déo nau­séa­bonde », pou­vait-on lire dans Li­bé le 7 juin. Quelques jours plus tôt, ce sont les pro­pos de Jean-Luc Mé­lenchon qui étaient qua­li­fiés de « com­plo­tisme par­ti­cu­liè­re­ment nau­séa­bond » par Na­tha­lie Loi­seau, dé­pu­tée eu­ro­péenne. Dans le JDD, Na­jat Val­laud-Bel­ka­cem, can­di­date PS aux ré­gio­nales en Au­vergne-Rhône-Alpes, ap­pe­lait, elle, à un « sur­saut pour en fi­nir avec ce cli­mat nau­séa­bond ».

De­puis quelques an­nées, le terme « nau­séa­bond » est très sou­vent uti­li­sé pour qua­li­fier les idées ou les pro­pos d’un adver­saire ou pour pro­mettre d’en fi­nir avec un contexte exé­crable que l’élec­tion d’un­tel ou d’un­tel per­met­tra de pu­ri­fier. Em­prunt tar­dif au la­tin com­po­sé nau­sea­bun­dus, « qui éprouve le mal de mer », le mot a pris le sens de « nau­séeux », « fé­tide », « qui dé­gage de mau­vaises odeurs », et, au sens fi­gu­ré, de « ré­pu­gnant ». Il a ce­ci de com­mode qu’il per­met à la fois d’aler­ter d’un po­ten­tiel dan­ger et de dé­si­gner des per­sonnes ou une si­tua­tion sans avoir à uti­li­ser d’ar­gu­ments pour dé­mon­trer la me­nace que celles-ci re­pré­sentent. Il est d’ailleurs par­fois em­ployé non pas pour qua­li­fier des pro­pos ou un cli­mat, mais des per­sonnes.

Ça a été le cas ré­cem­ment lorsque Jean-Ri­chard Sul­zer, membre du conseil na­tio­nal du RN et ani­ma­teur d’un mou­ve­ment re­pré­sen­tant les confes­sions juives, a adres­sé un cour­rier à Ma­rine Le Pen pour l’in­ci­ter à « dé­na­zi­fier » les listes pour les élec­tions ré­gio­nales en re­ti­rant des per­sonnes ju­gées « nau­séa­bondes ».

La ré­cur­rence de ce terme donne-telle rai­son à ceux qui se la­mentent de l’ap­pau­vris­se­ment du dé­bat pu­blic ? Ce se­rait sans doute « nau­séa­bond » de le pen­ser."


Voir aussi toutes les chroniques "Prenons-les au mot" (Samuel Piquet, Marianne) dans Langue française (note du CLR).



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