CLR Limousin

Plantation de l’Arbre de la Laïcité (Oradour-sur-Glane, 9 déc. 14)

Discours de Thierry Miguel, président du CLR Limousin. 30 mars 2015

En nous exprimant ce jour, nous ne cherchons pas l’appropriation de faits historiques, de crimes perpétrés contre l’humanité, ce serait indigne et illusoire.

Nous tentons une fois encore de nous interroger sur les racines du mal, sur les parts d’ombre qui sont les nôtres et que nous voulons éclairer. Le massacre d’Oradour-sur-Glane, comme celui de Tulle, le drame des républicains espagnols, comme la tragédie d’Auschwitz ou d’Hiroshima n’appartiennent à personne en particulier mais à un patrimoine immatériel, à un héritage sans testament.

Écoutons les vents de la destinée porter jusqu’à nous l’’écho des mots prononcés et même l’écho des mots étouffés et des silences de tous ceux qui ne demandaient rien que de vivre, de cultiver leur jardin. Ceux dont le dernier regard portait la marque de l’incompréhension de celui qui sait qu’il va mourir juste par la seule volonté d’un autre homme qui pourtant la veille écoutait Schubert.

Nous savons que dans les ruines d’un temple comme dans les ruines d’un village, chaque pierre peut rompre le silence et évoquer son passé, ses blessures, ses rires et ses larmes. Cela peut paraître paradoxal mais la beauté peut exister dans les ruines quand elles parlent de ceux qui ont choisi de belles pierres pour les maçonner et édifier des écoles, des lieux publics des habitations ou même de simples bancs sur la place du village ou un puits.

En prononçant le nom des victimes, l’absence devient présence, cette présence renforce notre présence face à nous même, face aux autres, face au monde.

La République nous oblige à la mémoire et à la compréhension de ce qui les a conduit contre leur gré sur le sentier de la perdition et plus encore d’en comprendre les causes pour être en capacité de décrypter le mal qui revient sans cesse, sous d’autres formes, en d’autres lieux, avec d’autres méthodes, mais avec la même impasse pour ses victimes et la même négation de l’autre. Leur demande est impérative : penser et agir dans le présent, agir où l’on se trouve, mais penser l’universel. Comme Bossuet, nous ne comprenons pas les hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.

Au-delà de la mémoire, au-delà de l’oubli se trouve la vie vivante qui est l’objet de notre aventure commune, la vie confisquée des enfants de la nuit qui portaient le soleil en eux mais se sont endormis sous un ciel lourd à Oradour-sur-Glane. Mais aussi à Collioure ou à Cempiègne. Mais ceci est une autre histoire, une histoire à étudier dans le miroir recomposé de la mémoire, dans ses lignes de brisures autant que dans les reflets d’amour qu’il inspire. Une histoire à construire avec le goût de l’homme dans la bouche, une histoire à dire encore et encore contre ceux qui nient encore et encore avec l’optimisme de volonté du républicain qui veut comprendre et faire comprendre la subtile architecture des sociétés, ses belles fondations et ses fissures.

En plantant ce jour un arbre de la laïcité, qui est aussi un arbre des valeurs républicaines, dans cette terre de larmes et de pierres, nous avons voulu non pas enraciner une pensée mais retrouver la force du devenir et des valeurs universels...

Ce qui poussera est déjà là : la vie vivante.

Pour que bientôt ses racines prennent l’énergie force des pierres et que les jours de vents le frémissement des branches nous rappelle la légèreté de l’être et sa fragilité pour nous donner, comme à vous qui avez su reconstruire un village, la force de reconstruire encore et encore la République, cette belle République que nous appelons de nos vœux, jamais acquise, toujours à reconstruire.


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