Revue de presse

P. Kessel : « Sortir du concordat en dix ans, tranquillement » (Dernières nouvelles d’Alsace, 9 nov. 14)

Président du Comité Laïcité République. 13 novembre 2014

"Ancien Grand Maître du Grand Orient de France (1994-1995), président du comité Laïcité République, Patrick Kessel est venu cette semaine en Alsace insister sur la laïcité – notamment face au statut particulier de l’Alsace-Moselle.

A vos yeux, la laïcité ne serait pas respectée dans la France contemporaine ?

Certains pensent que c’est une question passée, réglée. En fait, elle est d’une extrême actualité. Le FN est devenu le premier parti de France. Cette menace d’extrême-droite se développe, avec ses aspects xénophobes et parfois racistes.
Or elle se nourrit du communautarisme. Quand on pense qu’on est blanc, rouge, jaune, alsacien, breton, corse, avant d’être français, on remet en cause l’unité républicaine et même l’égalité. C’est donc à un jeu macabre que nous assistons. Pour le combattre, la laïcité doit être revendicative, car elle est indispensable à la paix sociale.

Quelles sont les urgences alors ?

Il nous faut étendre vraiment la laïcité dans les services publics : les écoles, les hôpitaux, la magistrature, etc. Elle n’y est pas suffisamment respectée.
Et puis il y a deux secteurs qui chauffent. C’est l’entreprise privée. Nous venons de remettre un prix de la laïcité à Jean-Luc Petithuguenin, président de Paprec Group, entreprise de 4 500 personnes qui a mis en place une charte de la laïcité dans l’entreprise.
Et c’est l’enseignement supérieur : nous proposons que le voile soit permis sur les campus, mais pas dans les amphis et les salles de TD, lieu de transmission de la connaissance.

Vous êtes venu à Strasbourg parler aussi du concordat ?

Franchement, comment peut-on demander à des gosses de nos cités, qui sont français mais ne le savent pas très bien et se définissent autrement, qui sont dans la colère sociale, de rentrer dans l’universalité républicaine quand elle n’est pas appliquée sur l’ensemble du territoire national ?
Nous n’abandonnons pas. Nous proposons qu’en dix ans, progressivement, tranquillement, sans provocation, nous sortions de ce concordat. Et nous suggérons deux gestes rapides : la fin de l’obligation d’assister, sauf dispense, à l’enseignement religieux d’Alsace-Moselle, et l’abrogation du délit de blasphème.

Que vous inspire la réforme territoriale, avec ses projets de grandes régions ?

Je réponds à titre personnel. Pour moi, je suis attaché au département, qui est un outil d’égalité. Si l’on veut aller vers des formes d’autonomie régionale, c’est un danger. C’est pour cela, par exemple, que je suis opposé à la ratification de la Charte des langues régionales et minoritaires : je n’interdis aucune langue, mais ne veux pas de dérogations à la loi commune.

Vous êtes membre de l’Observatoire de la laïcité. Où en sont vos travaux ?

Je reste discret, c’est la règle. Nous auditionnons des ministres et ouvrirons bientôt le dossier de l’Alsace-Moselle, en recevant notamment les associations laïques de la région."


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