Edito du président

Oui, - toute - la France est une République laïque (J.-P. Sakoun, 20 juil. 19)

par Jean-Pierre Sakoun, président du Comité Laïcité République. 20 juillet 2019

Parmi les éléments de discours qui permettent de repérer aisément les adversaires de la laïcité, les amis des adjectifs, les virtuoses du confusionnisme, l’un des plus aisés à repérer est la frontière qu’ils érigent entre laïcité de l’État et non-laïcité de la société. La France aurait un État, une administration, des collectivités locales, une école laïques mais la société serait préservée – dieu merci – de ce terrible mal et n’aurait pas la moindre notion de ce qu’est la laïcité…

Outre que cette position faussement naïve et véritablement niaise s’effondre dès que l’on relit l’article premier de notre Constitution, qui nous rappelle que c’est la France qui est une République laïque, pas seulement l’administration de l’État, ainsi que le souligne le Comité Laïcité République depuis des années, on peut aussi facilement faire remarquer à tous ceux qui depuis plus de trente ans sèment sans désemparer les germes de la confusion, qu’une loi aussi fondamentale que la Loi de Séparation n’aurait pas duré très longtemps si la société n’y trouvait pas son compte…

Mais prenons au mot les adjectivistes favorables à toutes les laïcités sauf à la laïcité. Que voyons-nous aujourd’hui ? Des maires qui – naïveté ou rouerie – n’osent pas faire respecter les règlements des piscines, préférant laisser y proliférer burquinis et bactéries plutôt que de rappeler la loi, d’autres qui sous des prétextes divers déversent des centaines de milliers d’euros pour complaire à l’Islam politique sur des « centres culturels » qui ressemblent furieusement à des mosquées, plutôt que de financer des dispensaires par exemple, au profit de tous les citoyens. On voit l’Assemblée voter une loi qui remet en cause la liberté d’expression, en y incluant spécifiquement les offenses faites à un seul type de croyants et s’approche dangereusement du délit de blasphème ; il a même fallu quelques réactions un peu vives pour que l’imposture de « l’islamophobie » soit effacée des attendus de ce texte !

Ainsi donc, les représentants de l’État et des collectivités, qui selon les adjectivo-laïques, devraient se faire un devoir de défendre la laïcité, semblent de plus en plus nombreux à la contourner, voire à la bafouer… En réalité nous savons bien que ces adeptes de la laïcité confuse, de la « laïcité concordataire », ou pour être plus clair du communautarisme, n’ont qu’une idée en tête : mettre fin à la laïcité institutionnelle. Ils soutiennent donc toutes ces tristes initiatives publiques et continuent à assurer que la société n’est pas laïque. C’est vrai, une société communautarisée appuyée sur un État qui ne serait plus laïque, voilà pour nos amis une douce et enthousiasmante perspective !

Oui mais… l’incantation ne suffit pas… et c’est bien dans la société que notre laïcité, souvent trahie par les clercs, s’est réfugiée. L’étude IFOP-Fondation Jean Jaurès du 22 mars 2019 démontre sans la moindre ambiguïté que l’immense majorité des Français est laïque, soutient massivement la Loi de séparation et exige une société sécularisée.

Alors, rappelons aux élus du peuple que dans quelques mois, la tentation, le fantasme clientélistes du vote communautaire risquent de se heurter à la réalité d’une France laïque dont la seule communauté est la République et qui pourrait bien renvoyer aux oubliettes de l’Histoire les petits calculs séparatistes et ceux qui les font.

Oui, la société française est immensément laïque. Et c’est pour cela que ceux qui font le pari communautariste ont déjà perdu la bataille et que l’État, les collectivités territoriales, les institutions et en particulier l’école qui forme les citoyens, resteront eux aussi laïques. Cela ne tient qu’aux électeurs.

Jean-Pierre Sakoun,
président du CLR



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