Revue de presse

"Nous, musulmans de France, disons halte à la barbarie" (fait-religieux.com , 27 sept. 14)

27 septembre 2014

"L’ambiance est agitée devant la Grande mosquée de Paris, vendredi 26 septembre, en ce début d’après-midi. Les centaines de manifestants rassemblés se bousculent, débattent les uns avec les autres et parfois même pleurent. Il est difficile pour Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman, de se faire entendre. L’assemblée réunie devant la mosquée répond pourtant à l’appel que le responsable musulman a lancé pour condamner l’assassinat cette semaine d’Hervé Gourdel par un groupe algérien lié à l’organisation terroriste Etat islamique (ou Daech en arabe).

Plusieurs centaines de musulmans ont manifesté devant la Mosquée de Paris, vendredi 26 septembre, pour protester contre l’assassinat d’Hervé Gourdel en Algérie (Photo Alice Papin)
Mais, peu à peu, le petit groupe de jeunes qui scande avec ardeur « Daech criminel ! », « Daech assassin ! » ou encore « Islam pour la paix ! », se calme pour laisser la place aux discours officiels. Aux côtés de Dalil Boubakeur, on aperçoit des représentants de la communauté chrétienne et juive, ainsi que des personnalités politiques de gauche (Anne Hidalgo, maire de Paris, François Lamy...) comme de droite (Valérie Pécresse, Bernard Debré, Nathalie Kosciusko-Morizet...). Tous ne prennent pas la parole mais ils sont là, par solidarité mais aussi pour les médias, venus en très grand nombre couvrir l’appel du recteur de la Mosquée de Paris. On notera même la présence quelque peu surprenante de l’ancienne chef de file de la Manif pour tous, Frigide Barjot, venue, elle, « en soutien aux chrétiens d’Orient ».

« Soyez fiers de ce que vous faites »

Après les salutations solennelles en français et en arabe, Dalil Boubakeur opte pour un ton plus ferme. « Nous, musulmans de France, disons halte à la barbarie » lance-t- il. « Ce rassemblement, c’est l’expression forte et vivante de notre volonté d’unité nationale et de notre volonté inébranlable de vivre ensemble ». Mgr Michel Dubost, chargé du dialogue inter-religieux à la Conférence des évêques de France (CEF) a voulu adresser des encouragements aux fidèles de l’islam ici rassemblés : « Je suis là pour vous dire de redresser la tête, soyez fiers de ce que vous faites ». Du côté des politiques, la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), apportera elle aussi un message de solidarité et d’unité : « Nous ne céderons pas à la peur car nous sommes, debout, ici ensemble ».

Puis, une minute de silence est observée à la mémoire d’Hervé Gourdel mais, de nouveau, la foule peine à se calmer. Les journalistes continuent à tendre leurs micros pour interroger les manifestants des raisons de leur présence. A les écouter, on comprend que beaucoup d’entre eux sont d’origine maghrébine - d’Algérie et du Maroc principalement. Si l’assemblée compte principalement des hommes d’un certain âge, il y a aussi des femmes comme Fatima, 60 ans, née en Algérie, venue de l’Essonne. Elle vit en France depuis l’âge de 15 ans et, comme beaucoup d’autres, elle se sent touchée par ces événements. « J’ai été horrifié par cet assassinat. Quand on tue un homme, c’est comme tuer l’humanité toute entière », résume Abdel, producteur de spectacles orientaux à Paris. « Je ne suis pas ici pour me justifier mais pour soutenir les victimes de ces barbares », enchérit Malika, 25 ans, elle-même journaliste. Une heure après la fin des discours officiels, la foule est toujours là, fébrile. A l’approche de la bouche de métro Place Monge, Dounia, une manifestante confie : « Il est bientôt 17 heures, je dois partir travailler mais ma collègue arrive pour me remplacer ». Ils seront là, jusqu’en début de soirée, condamnant avec la même vigueur les assassins d’Hervé Gourdel."

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