Revue de presse

"Massacre sans précédent de Boko Haram au Nigeria" (lefigaro.fr , 12 jan. 15)

13 janvier 2015

"Alors que le monde entier avait les yeux rivés sur la France, le Nigeria a lui aussi connu sa semaine sanglante. Le terrorisme islamiste a à nouveau frappé dans ce pays d’Afrique, avec une ampleur inégalée : mercredi, le groupe Boko Haram a mené une vaste offensive dans le Nord-Est du pays, décrite comme l’ « attaque la plus meurtrière » en cinq années d’insurrection.

Le bilan de l’attaque n’a pas encore été déterminé, certains témoins évoquant des « milliers de morts ».L’AP parle de plus de 2000 victimes. Amnesty International a évoqué vendredi dans un communiqué le « pire massacre » jamais perpétré par ce groupe extrémiste.

Lors de ce raid d’une violence inouïe, le groupe terroriste a rasé 16 localités des rives du Lac Tchad, a-t-on appris jeudi, jour où le président nigérian Goodluck Jonathan, qui brigue un second mandat le mois prochain, tenait son premier meeting électoral. « Même l’Etat islamique, qui a tué des milliers de personnes et cible à dessein des minorités, ne semble pas agir de manière aussi gratuite dans ses carnages. Il semblerait que tout le monde - musulmans, chrétiens, camerounais, nigérien - soit une cible pour Boko Haram », écrit le Washington Post.

La ville stratégique de Baga, dont les islamistes avaient déjà pris le contrôle le weekend dernier, aurait été rasée « à 90% », d’après des survivants, qui ont fui à 200 kilomètres, à pied.

« Tout ce que j’entendais c’était des tirs d’armes à feu, des explosions, des hurlements, et les Allah Akbar des combattants de Boko Haram », a témoigné auprès de l’AFP Yanaye Grema, un pécheur de cette ville située sur les rives nigérianes du lac Tchad, qui s’est terré dans une cachette pendant trois jours.

« Sur cinq km, je n’ai pas arrêté de marcher sur des cadavres, jusqu’à ce que j’arrive au village de Malam Karanti, qui était également désert et brûlé. » a-t-il raconté après avoir fui la ville dévastée.

Le bilan définitif des attaques successives menées ces derniers jours à Baga et dans les villages autour risque d’être difficile à établir, des milliers d’habitants ayant pris la fuite en direction de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, à moins de 200 km au sud, ou dans l’autre sens, vers le Tchad voisin.

« Plus de 20.000 déplacés provenant de Baga et des villages alentour se trouvent dans un camp à Maiduguri », a déclaré à l’AFP Musa Bukar, responsable administratif de cette zone de l’Etat de Borno.

Il a ajouté que des habitants de Baga et des villages voisins qui ont tenté de trouver refuge dans la brousse ont été poursuivis par les islamistes à moto, qui leur ont tiré dessus.

« Des corps gisent toujours dans la brousse tout autour mais il n’est pas prudent d’aller les chercher pour les enterrer », a-t-il déclaré. Samedi, l’armée nigérianne a appelé à l’aide internationale.

En prenant ces nouvelles localités, Boko Haram, qui a déja pris le contrôle d’une vingtaine de villes et villages de la région, contrôle désormais des frontières stratégiques avec le Tchad, le Niger et le Cameroun, laissant craindre un embrasement régional.

La prise de Baga revêt aussi une importance hautement symbolique car il s’agit de la base de la Force multinationale (MNJTF), censée regrouper des soldats nigérians, nigériens et tchadiens dans la lutte contre Boko Haram —mais où ne se trouvaient que des troupes nigérianes au moment de l’attaque.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a proféré cette semaine dès menaces directes contre le Cameroun et son président Paul Biya, dans une vidéo postée sur le site Internet Youtube.

Samedi, l’horreur a atteint son comble, quand une bombe fixée sur une fillette d’une dizaine d’années a explosé en plein marché bondé de Maiduguri, grande ville du Nord-est du pays, faisant 19 morts et 18 blessés. Selon Ashiru Mustapha, membre d’un groupe local d’auto-défense, la bombe a explosé alors que l’enfant faisait l’objet d’une fouille à l’entrée du marché.

Il doute qu’il s’agisse d’un acte délibéré de la fillette. « La fillette avait une dizaine d’années et je doute fort qu’elle savait véritablement ce qui était fixé à son corps, » » a-t-il dit à l’AFP.

« En fait, elle était contrôlée à l’entrée du marché et le détecteur de métaux venait de signaler qu’elle portait quelque chose sur elle. Malheureusement, la charge a explosé avant qu’elle n’ait pu être isolée », a poursuivi Ashiru Mustapha.

Un périmètre de sécurité a été mis en place autour du marché alors que des personnels de santé examinaient les décombres et récupéraient les restes humains.Boko Haram a érigé en stratégie les « attaques suicide » menées par les femmes, la première ayant eu lieur en juin 2014 dans l’Etat de Gombe (nord). Depuis, il y a eu une vague d’attentats à la bombe, dont 4 en une seule semaine à Kano.En juillet, une fillette de 10 ans avait été découverte dans l’Etat de Katsina portant un gilet bourré d’explosifs, laissant penser que Boka Haram forçait les enfants à se faire exploser.

Dimanche, deux autres femmes se sont fait exploser sur un autre marché très fréquenté de Potiskum, faisant quatre morts et une vingtaine de blessées. « La première kamikaze (la plus âgée) a déclenché sa bombe à l’entrée du marché, où des volontaires contrôlaient les personnes entrant dans le marché à l’aide de détecteurs de métaux », a expliqué à l’AFP la source sécuritaire.

« La seconde femme a été terrorisée par l’explosion et elle a essayé de traverser la rue mais elle a explosé elle aussi », a ajouté cette source.Selon un témoin, Ibrahim Dambam, la seconde explosion est survenue alors que la foule se précipitait à l’extérieur du marché."

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