Revue de presse

"Les corbeaux noirs de l’islamisme" (F.-O. Giesbert, Le Point, 11 oct. 12)

19 octobre 2012

" [...] Il est néanmoins difficile de ne pas voir de sinistres augures dans l’attaque d’une supérette cachère à Sarcelles, puis l’arrestation des coupables : une bande de djihadistes bien de chez nous, dont l’un a préféré mourir, tel Mohamed Merah, les armes à la main.

C’est l’antisémitisme au coin de la rue. Puisse la saga tragique de Jérémie Louis-Sidney et de ses comparses dessiller les yeux de tous : l’islamisme salafiste, le pire du pire, est bien en train de prendre racine en France, sur fond d’inculture, de posture victimaire et de haine antisémite. Il est temps de chercher à l’éradiquer par tous les moyens. À l’intérieur comme à l’extérieur.

Même s’ils provoqueront des cris d’orfraie dans les rangs des ligues de vertu, on ne peut qu’approuver les dignitaires de la communauté juive qui ont comparé ces djihadistes aux nazis. Les ingrédients sont les mêmes : criminalité, machisme, insanité, détestation de l’autre. L’engeance salafiste n’entend-elle pas avant tout casser du juif, comme les pillards hitlériens des années 30, qui s’adonnèrent à leurs plus vils instincts lors de la tristement célèbre Nuit de cristal ?

On connaît la spirale des extrémismes qui, dans l’Histoire, se sont souvent fait la courte échelle. L’antisémitisme bestial des djihadistes ne peut que nourrir l’islamophobie rampante, malgré cette évidence que les autorités de ce pays ont raison de répéter : les musulmans n’ont rien à voir avec la mouvance salafiste qui avance aujourd’hui ses pions dans le monde arabe, notamment en Égypte, où elle représente, chiffre sidérant, plus du quart de l’électorat. Mais il ne faut pas qu’ils se contentent de la condamner. Ils doivent aussi la combattre.

L’extrémisme religieux qui fait ventre de toutes les frustrations a sans doute, la crise aidant, de beaux jours devant lui. Face à la montée de ce phénomène, l’heure est donc à la fermeté, devenue pour le meilleur la marque de fabrique de Manuel Valls. Ce n’est pas seulement une affaire d’antiterrorisme, mais aussi de laïcité : elle ne sera jamais assez défendue dans un pays comme la France, qui a tant gagné à la séparation des Églises et de l’État, la loi de 1905 n’étant finalement que l’illustration de la célèbre formule du Christ : "Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu." Or cette laïcité est aujourd’hui battue en brèche par les intégristes à tous les étages de la société, dans les écoles ou les hôpitaux, jusque dans les abattoirs hallalisés.

Un concept chrétien, la laïcité ? On est certes en droit de le considérer, à l’instar de l’islamologue Bernard Lewis (1). Le christianisme des origines s’est construit contre les pouvoirs en place qui le pourchassaient au fond des catacombes, l’Église et l’État devenant par la suite deux entités distinctes. Après des siècles d’Inquisition et de guerres de Religion, il a appris à se méfier de lui-même, alors que l’islam a combiné, dès le début, sous l’égide de Mahomet qui les tenait en main, le politique, le religieux, le spirituel et le militaire.

Mais ce n’est pas parce que la laïcité est exempte de racines musulmanes qu’il faut la laisser s’étioler chaque jour davantage par lâcheté ou laisser-aller. Elle est notre bien commun dans un monde que veulent mettre à bas nos djihadistes, les frères de ceux qui, au Mali, coupent les mains à tour de bras, au nom de la charia.

Sans doute l’islamisme est-il la dernière idéologie valide de la planète après l’effondrement du stalino-communisme et du national-socialisme qui ont transformé en charnier notre affreux XXe siècle. Il en a les méthodes totalitaires et les maniaqueries antisémites.

Certes, l’islamisme n’a pas tué autant de monde que les autres, loin de là : si on les compare aux industriels de la mort nazis, staliniens ou maoïstes avec leurs dizaines de millions de victimes, les psychopathes de l’intégrisme ne sont encore que de petits artisans. Mais ce n’est pas l’envie qui leur manque. Ils n’ont simplement pas les moyens de leurs ambitions.

Au Moyen Age, alors que l’Occident en était à ses premiers pas, le monde musulman avait plusieurs longueurs d’avance dans certains domaines : en ce temps-là, ni la science, ni la médecine, ni une relative ouverture d’esprit ne semblaient incompatibles avec l’Islam.

Le problème, ce n’est pas l’islam, mais ceux de ses doctrinaires qui l’ont enseveli sous leurs radotages, pour ne laisser que la branche stérile à laquelle s’accroche aujourd’hui une nouvelle génération d’écervelés qui en veulent à la terre entière. La bêtise et la haine sont de toutes les époques et de toutes les religions."

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