(Marianne, 17 oct. 24) 22 octobre 2024
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Une baisse "très nette" du nombre "d’atteintes à la laïcité" : des chiffres rassurants, une réalité qui l’est moins
Lors de l’hommage à Samuel Paty et à Dominique Bernard, le lundi 14 octobre, Anne Genetet annonçait une baisse « très nette » du nombre « d’atteintes à la laïcité » dans les écoles. Une bonne nouvelle qui cache pourtant une réalité bien moins rassurante, car, comme à Tourcoing, les arrangements avec la loi de 2004 sur les signes religieux sont nombreux.
Par Marie-Estelle Pech
Alors que, lundi 14 octobre, tous les élèves rendaient hommage à Samuel Paty et à Dominique Bernard, assassinés par la barbarie islamiste, la ministre de l’Éducation, Anne Genetet, annonçait une baisse « très nette » du nombre « d’atteintes à la laïcité » dans les établissements scolaires : 110 faits recensés dans les écoles, collèges et lycées en septembre 2024, contre 838 il y a un an. Le décret de 2023 interdisant le port de l’abaya aurait été efficace.
Des accommodements avec la loi
Derrière ces chiffres rassurants se cachent pourtant des arrangements avec la loi de 2004 sur les signes religieux. C’est une scène courante : des élèves n’enlèvent leur voile qu’une fois entrées dans leur lycée. Et le remettent juste avant de quitter leur établissement. Début octobre, à Tourcoing, une enseignante a demandé à une élève de 18 ans de retirer le voile qu’elle venait de revêtir avant d’être sortie du lycée. Celle-ci a refusé, prononcé des injures, giflé l’enseignante. Ses amies y ont vu une « injustice », disant que la pratique était « habituelle ».
Cette demande de mettre le voile avant de sortir est « assez classique, avec ou sans provocation de la part des élèves », explique Bruno Bobkiewicz, responsable du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN-Unsa. En tolérant ce comportement, « l’idée est d’amener un dialogue et de se montrer persuasif », assure Marie-Laure Tirelle, déléguée laïcité pour le syndicat SEUnsa. Reste que, sur le réseau social TikTok, des ados se vantent, vidéos à l’appui, de garder le voile sans que les surveillants interviennent.
Alain Seksig, secrétaire général du Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République, tire la sonnette d’alarme : « Ce petit jeu du chat et de la souris est assez généralisé. Pourtant, la loi, c’est la loi. Une frontière, c’est une frontière. Tolérer ces contournements n’est pas une solution. Il y a une stratégie de grignotage. Les islamistes sont très forts là-dedans. » Ces accommodements vont parfois assez loin. Dans certains établissements, les filles se changent dans les toilettes avant de sortir. Des proviseurs mettent en place des miroirs dans le sas du lycée pour qu’elles ajustent leur coiffure quand elles se dévoilent. Dans un lycée de Strasbourg, il y a quelques années, une salle était carrément consacrée au changement de tenue, à plusieurs dizaines de mètres de l’entrée.
Marie-Estelle Pech
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