Revue de presse

"La Sécu, un combat en continu" (Marianne, 10 nov. 22)

24 mars 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Nicolas Da Silva, La bataille de la Sécu, Une histoire du système de santé, éd. La Fabrique, 2022, 328 p., 15 e.

"Dans « la Bataille de la Sécu » (La Fabrique, 2022), l’économiste Nicolas Da Silva retrace l’histoire tumultueuse d’une institution centrale dans notre pays. Soucieux d’expliquer les problèmes présents grâce à l’Histoire, il dresse le portrait d’un organisme dont l’idéal reste encore inachevé.

Par Jules Brion

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Lire "De 1945 à nos jours, la Sécu, une organisation contestée dès sa naissance (et un idéal d’égalité encore à atteindre)".

[...] Lorsque Pierre Laroque présente son plan de création d’une Sécurité sociale française, le haut fonctionnaire souhaite unifier le système dans une seule et même institution. Il suggère que son fonctionnement soit confié aux intéressés par le prisme de caisses gérées par un conseil d’administration avec 75 % de représentants de salariés. Ce projet ambitieux, car institutionnalisant une grande solidarité, ne rencontre pourtant pas l’assentiment de toutes les forces politiques. Les débats qui ont alors lieu à l’Assemblée nationale traduisent la virulence des oppositions au plan de Laroque. La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), épaulée par le Mouvement républicain populaire (MRP), s’oppose par exemple au principe de la caisse unique, de peur de voir disparaître la mutualité et les caisses confessionnelles. De son côté, la Confédération générale du travail (CGT) combat sans succès la mise en place d’un plafond de cotisation. [...]

Depuis 1980, le poids des complémentaires santé n’a ainsi cessé de croître, pour représenter 14 % du total des dépenses de santé. Si ces changements d’organisation du système peuvent paraître anodins, ils concernent quotidiennement des millions de citoyens. Comme le note l’auteur, « chaque euro donné à une complémentaire plutôt qu’à la Sécurité sociale est un euro d’inégalité ». En effet, en plus de représenter un surcoût de fonctionnement évalué à 5,4 milliards d’euros par an, les mutuelles ne sont pas accessibles à tout le monde. En 2017, 4 % de la population n’était pas couverte par une complémentaire santé.

Pensées par les ouvriers au XIXe siècle, les sociétés de secours mutuel « porte[nt] en elle[s] un potentiel de subversion du capital et de l’État » estime l’auteur. Alors que certains hauts fonctionnaires se méfient des mutuelles – Pierre Laroque estime qu’elles sont l’« instrument d’un nouveau type de paternalisme social » –, la mise en place de la Sécurité sociale à la Libération ne remet pas en cause leur pouvoir. Les ordonnances de 1946 préservent les complémentaires santé « par le biais de plusieurs dispositifs […] : ticket modérateur de 20 %, gestion au premier franc du régime des fonctionnaires, plafond de cotisation, etc. ». Ce processus sera prolongé en 1980 avec la création du secteur 2, qui permet aux médecins souhaitant avoir des rémunérations plus élevées d’imposer des dépassements d’honoraires. [...]"



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