Note de lecture

L. Guirous : La laïcité divise aussi la droite !

par Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République. 23 février 2016

Lydia Guirous, Je suis Marianne, Grasset, 198 pp., 17 €.

La laïcité est un enjeu crucial pour la paix civile qui divise à gauche mais aussi à droite. Lydia Guirous, membre de la direction du parti “Les Républicains”, nous le rappelle avec force dans son dernier ouvrage.

L’ancienne porte-parole de la formation présidée par Nicolas Sarkozy, dont on se souvient qu’il contribua à fragiliser la laïcité, tacle avec férocité la Gauche communautariste mais n’oublie pas de rappeler ses amis politiques aux principes républicains. Ce qui lui vaut certains retours de bâton. Ainsi, écrit-elle, "certains ont également abdiqué face aux revendications des "communautés" car la théorie du vote communautaire de Terra Nova a essaimé également dans les rangs de la droite républicaine". On se souvient en effet que certains prônent une "catho-laïcité" reposant sur l’idée d’une France "fille aînée de l’Eglise". Lors d’un récent débat à l’Assemblée, deux députés de son parti ont ainsi proposé qu’on amende la Constitution pour mentionner que la France était chrétienne. Voilà quelques semaines, plus d’une centaine d’élus de droite avaient ainsi signé une pétition contre le rapport de l’Association des Maires de France, présidée par François Baroin, estimant que les crèches n’avaient pas leur place dans les mairies et les conseils généraux. Lydia Guirous ne partage pas leur point de vue et reproche aux politiques de "sacrifier la République à des fins politiciennes". Et se réjouit qu’en revanche, le mot "laïcité" soit devenu en 2015, "le mot le plus populaire pour les Français."

Mais les flèches qu’elle décoche sont principalement tournées contre "le communautarisme religieux, terreau de la radicalisation". Et contre les procès en islamophobie, "un poison pour la République". Ainsi dénonce-t-elle la "discrimination positive à l’école qui n’est rien d’autre qu’un néocolonialisme déguisé". Et s’inquiète-t-elle de la montée des revendications religieuses dans les entreprises et des menaces sur l’égalité entre hommes et femmes. "La laïcité, écrit-elle, ne doit pas s’arrêter aux portes de l’université" où "la neutralité doit s’imposer". Elle dénonce encore les statistiques ethniques qui "s’opposent à l’idéal républicain".

Au-delà d’un constat partagé, certaines de ses propositions feront pour le moins débat, telle la “réouverture d’une nouvelle forme de bagne" pour les terroristes.

Avec lucidité, Lydia Guirous souligne les "accointances" entre islamistes et extrême droite . "Toux deux ont pour ennemi commun notre identité et nos valeurs". Le Front national prospère sur la lâcheté, dit-elle, dénonçant "les classes politique et médiatique". "Marianne reviens, avant que Marine n’arrive".

"La France a besoin de voir sa composante musulmane l’accompagner dans ce défi à la fraternité", ajoute l’auteur dont le précédent ouvrage avait pour titre : Allah est grand, la République aussi (Lattès) [1]. Née en Algérie, Lydia Guirous, en intitulant son livre Je suis Marianne, a voulu rappeler avec force la dimension universaliste de la laïcité.

Patrick Kessel

[1Lire L. Guirous : Nos décideurs politiques sont des lâches par Patrick Kessel (note du CLR).


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