Revue de presse

"IVG : prétendre qu’il pourrait être interdit en France est une posture" (A. Shalmani, L’Express, 28 juil. 22)

Abnousse Shalmani, journaliste et écrivaine. 31 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"J’avoue avoir été d’abord interdite devant les commentaires, poings levés, catastrophisme de circonstance, "danger imminent" en guise d’analyse, et autres indignations stériles qui ont accompagné, en France, la décision de la Cour suprême américaine de revenir sur l’arrêt Roe vs Wade de 1973, autorisant désormais l’avortement au niveau fédéral (une absurdité criminelle, j’y reviendrai). La première réaction, chez nous, semblait être de prétendre que nous étions menacés demain du même danger. J’avoue avoir voulu attendre que se calme la vague du grand n’importe quoi avant de réagir, à froid - et à raison.

La Cour suprême américaine qui se situe, donc, géographiquement et juridiquement aux Etats-Unis, a choisi de laisser à chaque Etat la possibilité de légiférer sur l’avortement : c’est une absurdité criminelle. Car, avortements autorisés ou pas, leur nombre ne diminue pas - au contraire du nombre de décès de femmes. Comment a-t-on pu en arriver là ? En grande partie : la faute aux progressistes. Oui : la paresse et l’arrogance ont rendu les progressistes américains sourds aux avertissements de leur égérie, Ruth Bader Ginsburg, qui constatait la faiblesse de l’arrêt Roe vs Wade basé sur la vie privée et la liberté, et voulait basculer le droit à l’avortement dans le domaine de la santé publique. Comme en France (Simone Veil était ministre de la Santé lorsqu’elle a présenté le projet de loi autorisant l’avortement.)

Mais les libéraux américains étaient trop occupés avec le politiquement correct, trop occupés à compter les femmes, les Noirs, les Hispaniques - beaucoup moins les Asiatiques -, à faire la chasse à des mots devenus soudain insultants, à interdire des livres et des films qui osaient raconter l’Histoire, à effacer toute aspérité, toute opinion divergente à la doxa "diversité et sensiblerie", à manifester contre la police et à imaginer des oppressions systémiques, sans être capables de voir la réalité du déclassement économique et culturel de la ceinture de rouille prête à basculer du côté de Trump. Des Américaines pauvres vont payer au prix de leur vie pour les bourgeois de gauche qui planent dans les cimes du wokisme de posture.

Je ne cesse de m’étonner des répercussions folles de la fin de l’arrêt Roe vs Wade en France, telle la proposition d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. Enfin, si un parti politique opposé à l’avortement parvenait au pouvoir, sa première décision serait justement de suspendre la Constitution ! Certains ne veulent rien entendre, rien comprendre, pour qui la présence de 89 députés du Rassemblement national rendrait soudain le danger imminent. Il fallait attendre quelques jours, le temps des sondages d’opinion, pour apprendre que 82 % des catholiques français sont pour l’avortement contre 30 % des musulmans français. Ce serait amusant si ce n’était tragique : la gauche radicale qui dénonce systématiquement une chasse aux musulmans en France, et qui par clientélisme électoral est prête à toutes les compromissions avec l’islamisme et son corollaire l’antisémitisme, sera celle qui pourrait réclamer la fin de l’avortement pour complaire à son électorat, d’autant plus que seulement 66 % des 18-24 ans défendent l’avortement... autrement dit la catégorie d’âge qui vote largement pour LFI ! [...] "

Lire "IVG : prétendre qu’il pourrait être interdit en France est une posture, par Abnousse Shalmani"


Voir aussi dans la Revue de presse les rubriques Contraception, avortement, Etats-Unis : avortement, Etats-Unis : "politiquement correct" (note du CLR).


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