Revue de presse

"Islamisme et journalisme : le droit d’informer ou le droit de la fermer  ?" (Riss, Charlie Hebdo, 9 fév. 22)

Riss, directeur de la publication de "Charlie Hebdo". 10 février 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Le reportage diffusé dimanche 23 janvier sur M6, dans le cadre de l’émission Zone interdite, consacré à l’islam radical a suscité des réactions, dont certaines furent des menaces de mort proférées contre la journaliste Ophélie Meunier, ce qui lui vaut depuis d’être placée sous protection policière.

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Charlie Hebdo ne peut évidemment que condamner ces menaces et est révolté de constater que des journalistes soient encore mis sous protection parce qu’ils ont évoqué des problèmes d’intégrisme religieux.

Mais ce qu’il faut comprendre dans cette affaire, c’est qu’il existe une véritable guerre de l’information autour de la question de l’islam, et plus encore de l’islam politique.

Les journalistes qui réalisent des reportages non complaisants sur l’islam radical sont immédiatement discrédités, et ce de deux façons différentes :

  • D’abord on laisse entendre qu’ils n’ont pas respecté le code de déontologie de leur profession, sous prétexte qu’ils auraient filmé en caméra cachée ou n’auraient pas toujours dévoilé leur identité. Un procédé déjà employé il y a seize mois contre Samuel Paty, accusé par certains de ne pas avoir respecté les méthodes pédagogiques d’enseignement, et donc d’être en partie responsable de sa fin tragique.
  • Ensuite on leur reproche de ne montrer que des aspects négatifs du quartier filmé et d’en occulter d’autres, plus positifs. Bref, de ne pas avoir équilibré le reportage.

Parfois, ces reproches proviennent d’autres médias dont l’idéologie est hostile à ce que révèle ce type d’enquête.

Déjà des « contre-enquêtes » ont été réalisées pour démontrer que le reportage de M6 était incomplet, voire mensonger, et que les journalistes de Zone interdite avaient cherché à tromper les téléspectateurs.

Aujourd’hui, dès qu’un média veut parler de l’islam et de l’islamisme, il lui est aussitôt reproché :

  • 1) d’être obsessionnel
  • 2) de faire le jeu de l’extrême droite
  • 3) de stigmatiser une population
  • 4) de n’avoir pas bien fait son travail en ne montrant que les aspects négatifs du sujet abordé.

Il est de plus en plus difficile de faire des reportages et des enquêtes sur ces sujets sans être immédiatement accusé par les réseaux sociaux et quelques médias d’être raciste, d’extrême droite et, bien sûr, islamophobe. Quand on n’est pas, tout simplement, menacé de mort. Cela dans le but de créer un climat d’intimidation et de peur afin de dissuader d’autres journalistes de s’y intéresser.

A-t-on encore le droit d’enquêter sur l’islam politique en France  ?

A-t-on encore le droit de filmer des quartiers difficiles et d’interroger des citoyens concernés par ces problématiques, sans être traité de raciste ou menacé de mort  ?

Ces questions qui touchent à la liberté de l’information, à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion ne semblent pas occuper une grande place dans le débat politique actuel.

Aujourd’hui, en 2022, en France, deux citoyens, un lanceur d’alerte et une journaliste, viennent d’être placés sous protection policière.

Quant aux personnalités politiques actuellement en campagne pour la présidence de la République, leurs réactions à ces menaces de mort, ainsi qu’aux faits relatés dans le reportage de M6 et qui concernent l’avenir du pays qu’ils ont l’ambition de gouverner, se révèlent assez variées. Ce qui démontre que certains candidats à l’élection présidentielle ne sont manifestement pas à la hauteur de la fonction qu’ils prétendent exercer."

Lire "Islamisme et journalisme : le droit d’informer ou le droit de la fermer  ?"


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Enquête de "Zone interdite" (M6) sur l’islamisme (jan. 22) dans Islamisme et la rubrique Médias et religions dans Médias (note du CLR).


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