Revue de presse

Hugo Micheron : « Le djihadisme ne se limite en rien aux attentats » (lefigaro.fr , 19 mars 22)

Hugo Micheron, chercheur et enseignant à l’université de Princeton. 21 mars 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Dans sa lutte contre le terrorisme, l’État cible quinze « quartiers de reconquête républicaine ». Le djihadisme se limite-t-il aux banlieues ?

Non, pas du tout. Au contraire, il y a une géographie propre du djihadisme. En Europe, sept pays ont produit 90% des djihadistes européens, et les départs pour Daech se sont concentrés dans un nombre très réduit de quartiers, qui ne sont pas les plus marginalisés. Ils correspondent en revanche à des lieux d’implantation historiques de figures du djihad. En France, il y a une quinzaine de quartiers, une douzaine en Allemagne, autant en Angleterre et six en Belgique, où le plus gros foyer de départs se situe à Anvers, la ville la plus riche du pays. Outre-Rhin, la première grosse filière djihadiste est née à Ulm, zone dynamique qui est un peu l’anti-Molenbeek. Trappes a été touchée par 65 départs entre 2012 et 2018, alors que sa voisine Chanteloup-les-Vignes a été épargnée. Il ne faut donc pas expliquer le djihadisme à travers les seules difficultés économiques et sociales.

Depuis 2012, l’arsenal antiterroriste a été enrichi par dix-neuf textes législatifs. Cette frénésie est-elle efficace ?

Un rattrapage législatif était nécessaire. Il faut aussi traiter des problèmes en amont. Sur ce plan, la loi « confortant le respect des principes de la République » tente de répondre à une question essentielle : comment agir sur ce qui a permis aux djihadistes de diffuser leurs idées ? Depuis trente ans, des groupes salafistes aux idées « djihadisantes » ont créé des associations légales. Comme les frères Clain à Toulouse ou en Angleterre le groupe al-Muhajiroun, du prédicateur Omar Bakri. Pour lutter, sans déni ou hystérie, il faut des outils légaux sans sortir de l’État de droit car c’est ce que souhaitent les djihadistes. [...]

Rajeunie et féminisée, la mouvance djihadiste européenne est en pleine métamorphose. Pourrait-elle prospérer au cœur même de la sphère familiale pour échapper aux services spécialisés ?

Daech a changé le cours du djihadisme européen en accueillant tout le monde : les jeunes, les vieillards, les psychopathes ou les inadaptés. Et enfin et surtout les femmes. Elles ont pour mission de procréer et d’éduquer les enfants dans la doctrine. Cela pose la question fondamentale de l’éducation et des écoles hors contrat. [...]"

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