Revue de presse

Guy Konopnicki : “Une brute et un ange” (Marianne, 9 juil. 11)

Grammaire : "le masculin l’emporte sur le féminin" 9 juillet 2011

“Une pétition, qui selon ses organisatrices réunirait d’ores et déjà 10 000 signatures, demande l’abrogation d’une règle de grammaire “sexiste”, par laquelle le masculin l’emporte sur le féminin. Exemple : "Lui, c’est une brute ; elle, un ange ; ils forment un drôle de couple."

[...] Le genre, en français, ne saurait se confondre avec le sexe, la preuve par l’"ange", nom masculin d’une figure dont le sexe fut assez indéterminé pour diviser les Byzantins.

[...] Dans le langage courant, la virilité se compose de pièces féminines, celle que l’on nous brise, avec ce genre de pétition. A l’inverse, les attributs de Vénus, du mont jusqu’aux seins, s’expriment au masculin. Autant dire que nous sommes en présence d’une histoire de cons, au sens propre.

[...] Notre pauvre Grévisse n’en est pas revenu, lui qui croyait que l’usage précède et impose souvent la règle écrite. Mais nos pétitionnaires veulent un décret autoritaire, pour féminiser la langue, la peau lisse s’impose.

[...] L’esprit du temps nous oblige à châtier notre langage. On ne peut dire : "J’ai vu un gros balayeur arabe, aveugle et boiteux." C’est un technicien de surface, issu de l’immigration, en surcharge pondérale, non-voyant à la mobilité réduite. La correction sociale n’a que foutre de l’élégance du français, de la précision de son vocabulaire. Pardon pour "foutre", ce mot désigne aussi la substance attestant d’une virilité criminelle, mais le verbe "faire" a des emplois qui ne sont guère convenables.

Féminiser la langue, quel beau programme ! Un homme, pourtant, est une personne, et bonnes gens, en français le pluriel d’hommes, s’accorde aussi au féminin.

[...] Le ridicule et le grotesque, substantifs masculins, s’accordent fort bien avec le féminin, celui de pétition, par exemple, lorsqu’ils deviennent adjectifs. La langue ne reçoit pas d’ordre de l’autorité politique, elle ne connaît que le bonheur d’écrire et de parler, le plaisir des mots, des usages et des règles. Les accords relèvent de l’harmonie et celle de notre langue se perdrait dans la cacophonie des barbarismes imposés.”


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